Pratiques N°87 Cherche médecin désespérément

L’obligation faite aux patients d’avoir un médecin traitant a rendu criant le déséquilibre entre « l’offre et la demande » : les patients ont du mal à trouver des « médecins traitants », mais aussi des psychiatres, des spécialistes, des orthophonistes, des dentistes…
Une importante inégalité de répartition territoriale des médecins généralistes s’ajoute à la baisse de leur nombre et de leur temps moyen d’activité ; elle entraîne la création de véritables « déserts médicaux » dans les zones rurales ou les quartiers déshérités, déjà en butte aux inégalités sociales et économiques et confrontés à la disparition des services publics.
Ces difficultés d’accès territorial aux soins se conjuguent pour beaucoup de patients avec des difficultés financières du fait des dépassements d’honoraires et de l’absence de tiers payant.
À l’hôpital public, les restrictions budgétaires, les restructurations et l’orientation de plus en plus techniciste des soins compromettent la prise en charge des patients. Ceux-ci sont renvoyés de plus en plus vite vers la médecine libérale à l’acte qui n’a pas la disponibilité pour les recevoir et qui n’est pas adaptée à la prise en charge de l’augmentation des maladies chroniques.
Face à cette crise de la médecine libérale, de nouveaux modes d’exercice se sont développés à l’initiative des professionnels de santé : Maisons de santé pluriprofessionnelles et Centres de santé communautaires. Contrairement aux Unités sanitaires de base des années quatre-vingt, ils ont obtenu le soutien de l’État qui y voit une opportunité de contrôler le financement d’une offre de soins territorialisée.
Aujourd’hui, le gouvernement veut développer les Communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) dans le but annoncé de régler le problème des « déserts médicaux ». Pour obtenir l’adhésion des professionnels libéraux, la loi leur a confié la mise en place de ces CPTS, mais elle prévoit de les rendre obligatoires et l’État en aura le contrôle au travers des financements indispensables à leur fonctionnement.
Les CPTS soulèvent de nombreuses inquiétudes et critiques.
Le risque est grand, en cette période de restrictions de la dépense publique, que les CPTS soient le moyen trouvé par le gouvernement pour contraindre demain les dépenses de médecine ambulatoire comme il le fait aujourd’hui pour les dépenses hospitalières.
Un réel débat démocratique aurait permis d’envisager d’autres modes d’organisation territoriale qui s’expérimentent déjà en France et dans d’autres pays : territoires plus petits, implication des usagers, fonctionnement moins centré sur le médecin, démarches de santé communautaire…
Défendre nos fondamentaux reste une priorité : un système public de santé, solidaire, accessible à toutes et tous, au service de la population et du bien commun sans perdre de vue la qualité essentielle de l’accueil et de la relation de soins…

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