Pratiques N°75 Les huis clos de la violence

À côté de la violence qui s’étale au grand jour, il en existe une autre plus insidieuse qui sévit dans les huis clos familiaux, institutionnels et professionnels. Cette violence altère la santé mentale et physique des individus sur lesquels elle s’exerce. Les chiffres l’attestent, le phénomène touche de près ou de loin un nombre considérable de personnes. Victimes et auteurs semblent intimement liés dans la persistance d’une sorte de spirale de la violence qui se perpétue à travers les âges et les structures.
Les soignants, du fait des répercussions des violences sur la santé, mais aussi parce qu’ils sont tenus au secret sur ce qui leur est confié, sont les premiers interpellés par les victimes, avant les associations et les institutions. Cependant, comme n’importe quel citoyen, ils sont également tentés par la banalisation et le déni de cette violence. L’omerta qui pèse sur ces situations délicates rend difficile toute intervention dans le champ de la santé et du soin. Cette difficulté est aggravée par les tribunaux d’exception que sont les ordres professionnels et leurs codes de déontologie qui condamnent certains des soignants qui ont le courage et la conscience professionnelle de signaler les suspicions de maltraitances à la justice, bien que n’ayant pas d’obligation légale à le faire. Pourtant, l’obligation de signaler protégerait beaucoup mieux la santé et la vie des enfants plutôt que de choisir entre s’abstenir ou signaler.
Accueillir, écouter, accompagner les victimes sans les juger, nommer la violence, essayer de comprendre les mécanismes à l’œuvre, ainsi que vaincre ses propres barrières, constituent les premiers outils à mettre en œuvre pour sortir du cercle infernal et briser le silence.
La prise en charge des auteurs de violence passe par l’analyse psychologique, sociologique, voire anthropologique des raisons qui les amènent à commettre ces violences. C’est un aspect essentiel de la question si l’on veut les aider à tenter d’enrayer les rouages de l’engrenage infernal.
Ces violences doivent aussi être replacées dans une réflexion plus globale sur le fonctionnement de la société.

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