Pratiques N°88 Enfance mal traitée : société en danger

Les enfants sont particulièrement vulnérables aux nuisances que produit un système basé sur le fantasme d’une croissance sans limite et une compétitivité qui ignorent les effets délétères qu’elles provoquent sur la nature et sur la vie et, par conséquent, sur leur santé et leur équilibre psychique. La pollution environnementale affecte la santé des enfants dès la grossesse.
La malbouffe et les inégalités sociales sont sources de déséquilibre et provoquent obésité, carences, diabète…
Les multiples cas de maltraitance physique et psychique intrafamiliale, scolaire, périscolaire et autres induisent de la souffrance et des problèmes comportementaux. Les migrations, l’exil des mineurs, aggravent encore la situation. Les réponses éducatives et de justice ne font que tenter de réparer alors qu’il faudrait anticiper, protéger. La prédictivité de la délinquance interroge.
La pratique intensive des écrans, par les parents comme par les enfants, a des effets destructeurs pour leurs relations et compromet le développement cognitif, affectif et social des enfants, perturbe leur sommeil, sans parler du risque d’addiction.
Pour beaucoup trop d’enfants, l’école est maltraitante du fait de la « normalisation » qu’elle impose au mépris de leur créativité et de leurs différences de rapport au savoir. Après avoir créé de nouvelles pathologies, le TDAH, les DYS -lexie, -praxie, -phasie, -calculie, etc. les nouvelles orientations éducatives tendent à nier les réponses cliniques, psychanalytiques pour se centrer sur une approche comportementale qui ignore le contexte affectif, culturel et social, privilégiant les camisoles chimiques dès le plus jeune âge.
Quid de la souffrance scolaire, du sentiment d’échec, du droit à la différence, de l’épanouissement ? Comment protéger au mieux les enfants pour qu’ils puissent grandir sereinement, se développer et se débrouiller des cadres restrictifs imposés par une école souvent plus formatée que formatrice ?
Dans tous les domaines, des personnes, des associations se mobilisent et inventent des dispositifs pour tenter de contrer et réparer ce gâchis. Dans le travail social, à l’école, dans l’agriculture, dans les soins, au sein de la justice, dans la recherche, des initiatives montrent que nous ne sommes pas obligés de continuer à subir ce système. Les jeunes eux-mêmes se mobilisent massivement contre le réchauffement climatique et pour un changement de modèle de société.
Quelles ressources mettre en œuvre pour que ces initiatives se généralisent et ramènent un peu de sagesse et d’espoir pour le devenir des populations futures ?