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Pratiques N°107 Euthanasie : au risque de mourir d’attendre
Sans cesse remise à plus tard, la dépénalisation de l’aide à mourir semble bloquée derrière le portillon de l’hypocrisie.
La dissolution a interrompu un processus qui semblait prometteur et qui avait le mérite de permettre qu’on parle des conditions de fins de vie souvent discutables. Pourtant, la sédation profonde et continue, censée faire face aux situations extrêmes, ressemble à s’y méprendre à l’euthanasie (une mort douce). Les euphémismes, dont la médecine est friande, couvrent des nuances qui échappent souvent au bon sens… Pour autant, cette sédation légale n’est accessible que dans certaines conditions qui ne sont pas toujours réunies.
On est en droit de se poser quelques questions… Pourquoi la vie devient-elle si précieuse, à l’issue d’une maladie incurable, alors qu’on ne cesse de dégrader les conditions qui la rendraient vivable ?
Le pouvoir de la médecine doit être repensé à l’aune du droit à l’autodétermination des patients, tandis que l’écoute de celui qui va mourir se réduit comme peau de chagrin.
Pourquoi est-il si difficile d’entendre la parole de l’autre et de favoriser son libre arbitre ?
L’idée est de questionner les réticences du monde médical à entendre les demandes d’aide à mourir, l’évitement de la question de la mort avec les personnes concernées, les raisons éthiques et autres morales, les fantasmes de dérives… Pour autant, la mort reste la grande absente de la formation des médecins et des infirmières, alors que c’est la question centrale qui les habite au moindre problème présenté par un patient. Or, on ne peut évoluer qu’en confrontant nos expériences, notre propre rapport à la mort, en accordant un respect total à la parole de l’autre et à son droit absolu de décider pour lui-même.
Ce problème existentiel, qui nous concerne tous, doit donc être largement exposé et débattu afin que chacun et chacune puisse le penser, se familiariser avec les questions qu’il soulève, chacun pour soi et avec les autres, avant de légiférer, décider, organiser.
Il est grand temps d’en finir avec ce tabou.
ISBN 978-2-492952-05-0
À NOTER :
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Sommaire du N°107
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Plus indécent, tu meurs ! par (p. 1)
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Ours de Pratiques n° 107 (p. 1)
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L’économie au service des citoyens ? par (p. 4) , , ,
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— DOSSIER — (p. 11)
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L’euthanasie : la mort en paix par (p. 12)
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Apprendre à écouter l’indicible… par (p. 16)
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Fin de vie, comment et pour qui ? par (p. 20)
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Définir sa vie… par (p. 21)
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Un petit boucaud par (p. 22)
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Morts violentes - Quelle dignité ? par (p. 23)
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Quelques jours encore… par (p. 24)
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Le rendez-vous par (p. 25)
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Le cure au détriment du care par (p. 26) ,
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Fin de vie et dialyse par (p. 31)
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Mourir, ce n’est rien, mais vieillir par (p. 32)
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L’appel de Thanatos par (p. 36)
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Convention citoyenne sur la fin de vie par (p. 40)
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Nelly par (p. 42)
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Cruel défaut d’aide à mourir par (p. 43)
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Loi belge, française en devenir, ma loi par (p. 44) ,
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Fin de vie : « On n’en est pas là ! » par (p. 46)
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Dans l’attente de la mort par (p. 50)
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L’aide à mourir dans le monde par (p. 53) , , ,
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Elle avait 102 ans, voulait mourir mais… par (p. 58)
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Handicap et fin de vie par (p. 60)
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Vers une fin de vie psychédélique ? par (p. 62) ,
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Tu voulais qu’on te pique par (p. 65)
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Vivre et mourir sous le Capital par (p. 66)
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Le sens du soin en fin de vie par (p. 68)
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Au nom de mon père par (p. 72)
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Gilbert par (p. 73)
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Prométhée-moi par (p. 74)
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Je ne veux pas mourir à petit feu par (p. 76)
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— MAGAZINE — (p. 81)
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L’IA : une santé fragile par (p. 82)
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Chanter sous la douche par (p. 88)
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Jamais sans ma fille par (p. 90)
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Le vêtement de soi(gnant) par (p. 92)
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— COMPLEMENTS AU DOSSIER — (p. 100)
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Ange, qu’on appelait « Zaza » par (p. 101)
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« Galatée » par (p. 102)