Pratiques N°104 Humaniser la santé publique

Notre première intention était de questionner des acteurs de santé publique à partir de ce qu’on nous en a montré lors du malencontreux épisode covid et ce que nous avons repéré comme des manques. De notre tentative infructueuse est né ce dossier qui met en évidence que ce que nous espérions voir se démocratiser dans la santé publique était déjà là, sous nos yeux, bien vivant, en train de se développer par la volonté de soignants militants bien décidés à se départir de leur « pouvoir » en laissant une place de choix à la population.
Ainsi, la santé communautaire se tire la part du lion en mettant en œuvre ici et là une médecine, des soins et un rapport à la santé inventifs, au service d’un public à qui cette conception de la santé donne enfin la parole afin qu’il puisse exercer ses propres savoirs, voire faire ses choix en fonction de ses règles de vie.
Nous l’avons d’abord observée au Québec où cette approche s’est développée dans les années soixante – soixante-dix par la volonté de citoyens en situation de pauvreté soutenus par des soignants engagés pour faire face aux difficultés de recours à la médecine de cette population délaissée par l’État.
Il s’est agi de prendre en compte les mœurs et pratiques de santé de cette population en accord avec ses difficultés de vie.
En France, la confusion entre santé, médecine et système de soins a la vie dure et nous sommes souvent amenés à tenter de les distinguer. Si les soins relèvent de l’organisation soignante, la santé ressort de bien d’autres critères comme les conditions de vie, les notions de prévention (à ne pas confondre avec le dépistage des maladies) et surtout d’une ambiance qui laisse place à l’espoir et au plaisir de vivre. Les différentes manières de se maintenir en « bonne » santé échappent souvent à ceux qui soignent. Ainsi, ceux qui travaillent à nourrir la population auraient bien besoin d’être entendus et soutenus quand leur premier engagement est de produire des aliments de qualité.
La santé planétaire, en devenir, s’appuie sur cette conception large de la santé en relation avec l’environnement qui dépasse largement nos frontières. Hélas, la politique de santé est dominée par une posture biomédicale, quantitative et surtout budgétaire et le souci du bien-être des personnes est loin de constituer un projet pour ceux qui nous gouvernent.
C’est par conséquent un dossier qui donne la parole à ceux qui mettent en travail ces multiples manières de repenser la santé, de repérer ce qui la compromet, voire parfois la détruit.

ISBN 978-2-492952-02-9

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