Pratiques N°14/N°15 Profession infirmière

La profession infirmière est gravement malade. Elle souffre d’une maladie iatrogène, c’est-à- dire provoquée par la médecine, son pouvoir, ses principes, ses choix, ses dérives. Son cas s’est brutalement aggravé quand le régime draconien, prescrit par un pouvoir technocratique aveugle et sourd à la réalité soignante, s’est avéré pire que le mal.

Les infirmières ont été éduquées à se taire, à accepter une dépendance du médecin pas toujours justifiée, une hiérarchie institutionnelle de plus en plus loin d’elles, à accomplir en silence les tâches ingrates dont ne veut plus la « société ». Sommées de faire toujours davantage dans un contexte de restriction budgétaire, les infirmières sont passées outre ce qu’il est humainement possible de donner.

Le déficit de reconnaissance dont souffre chroniquement la profession s’aggrave des nouvelles exigences du public et de l’institution, le plus souvent contradictoires. Les normes industrielles intenables, inhumaines font fi des conditions d’exercice, du sens même de la fonction soignante en comptant et donc rémunérant ce qui se voit et abandonnant ce qui ne se voit pas à la bonne volonté déjà surexploitée. La situation a atteint son paroxysme et la « pénurie » risque fort de se payer très cher si rien ne vient modifier profondément l’exercice de cette profession aussi riche que difficile.

Il s’agit de chercher de nouvelles articulations avec les médecins et les patients, de proposer une redéfinition des règles de métier qui laisse la place à une cohabitation fructueuse et solidaire entre des acteurs complémentaires. C’est ce que P r a t i q u e s se propose ici de commencer à faire .

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