Ce sentiment de mal-être, rien que de penser aux années passées à l’école, je le ressens encore.
Étant dyslexique, les autres élèves me voyaient comme quelqu’un de stupide, qui n’appartenait pas au même groupe. J’étais souvent seule car, si j’essayais de jouer avec les autres élèves de ma classe, j’étais brutalisée. Je me souviens d’un jour où je jouais au cochon pendu, dans la cour, seule ; un groupe d’élèves s’est approché, l’un d’entre eux m’a attrapée par les cheveux, et tirée plus loin.
Peut-être pensait-il que la dyslexie est contagieuse ?
Mais les profs ? Que faisaient-ils ? Eh bien pas grand-chose. L’éducation est pensée pour les enfants « normaux » et moi, je ne l’étais pas. Certains profs voulaient que j’aille en école spécialisée, les voies de garage, après tout pourquoi essayer d’éduquer quelqu’un qui ne peut pas apprendre ? Ou encore, il aurait fallu que je sois suivie en psychiatrie.
Clairement, l’éducation n’est basée que sur un seul modèle de pensée et d’apprentissage et les autres sont mis de côté. Je suis les autres.
Pourtant, je peux apprendre, j’ai passé mon bac, quand on me disait que je ne pouvais pas. Je me suis inscrite à la fac, là encore on m’a dit que je ne pouvais pas. Ils ont rigolé, quelle absurdité pour quelqu’un comme moi, de faire des études supérieures. Et je suis partie à l’étranger, j’ai passé mon Bachelor Degree et un Master, dans une langue étrangère.
Mais la honte d’être différente des autres me suit toujours.
Je m’engage à partager des souvenirs qui font mal, mais peut-être peuvent-ils aider à ce que d’autres formes de pensée et d’apprentissage soient acceptées, et que l’on arrête de nous abandonner pendant notre scolarité. Parce qu’une personne sur dix est dyslexique, parce que derrière cette étiquette et les préjugés qui y sont accolés, il y a des habiletés à voir le monde dans son entièreté, à apprendre, à créer, à innover…
La preuve ? C’est qu’Einstein était dyslexique et qu’il a inventé la théorie de la relativité ! Et le patron de Virgin ? Pareil !
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