Françoise Acker
Sociologue
Un dimanche matin, je chute dans mon jardin. Je suis submergée par une douleur intense au bras et on me conduit aux urgences.
Je suis bien prise en charge par les infirmières, les internes et les médecins. Je ressors avec un plâtre à revoir au bout de dix jours en consultation orthopédie. Mais je reviens aux urgences au bout de deux jours, car mon pouce est comprimé. Le médecin m’écarte le plâtre. Je suis bien.
Avant la consultation d’orthopédie, je passe une radio. Je demande pourquoi on ne me fait pas un scanner comme il y a dix jours : « Je fais ce que l’on me dit de faire » me répond le manipulateur. L’interne d’orthopédie m’enlève le plâtre et le remplace par une contention en résine. Pas très à l’aise, il demande à l’infirmière comment faire. Lorsque je sors, je constate que ma main est très fléchie, c’est très inconfortable. Je ne comprends pas pourquoi je suis immobilisée dans une telle position et je questionne. Mais l’interne n’est plus là. Les infirmières me disent qu’hier, deux personnes sont sorties dans la même position. Cela ne me rassure pas vraiment… Deux jours plus tard, j’ai mal et mon pouce est gonflé. Mon médecin traitant me conseille de retourner à l’hôpital pour faire refaire le plâtre. Je vois un interne qui m’examine rapidement, ne me dit rien à propos de mes douleurs, mais m’énumère la liste des séquelles probables de ma fracture. Puis un médecin me reçoit, lit mon dossier et souligne à voix haute que c’est la deuxième fois que je reviens en dehors des rendez-vous prévus : « Vous venez pour le confort ? ». Interloquée, je pensais que le confort faisait partie du soin, je me tais… Puis, hésitant, il déclare qu’il ne peut pas intervenir de lui-même et abîmer le travail de l’orthopédiste. Il l’appelle pour qu’il vienne m’examiner. J’explique que je suis serrée et que j’ai mal. « Je vous propose d’ouvrir la contention sur le côté. Mais la consolidation prendra alors beaucoup plus de temps ! » Je repars avec la contention très légèrement ouverte et bandée. J’ai bien compris que je faisais la capricieuse et la douillette ! Je n’ai plus osé retourner à l’hôpital avant la fin des six semaines et pourtant j’avais mal et j’étais très inquiète. Je vois un nouveau médecin qui me dit que tout est bien remis. Je lui demande pourquoi j’ai été immobilisée de cette façon bizarre. Il répond : « Moi, je ne vous l’aurais pas fait ainsi. »