Didier Ménard
Médecin généraliste
Tiens, revoilà les élections à la présidence de la République, dans la réalité actuelle faite de guerres, de souffrance, de peurs, de racisme… Un monde irréel va naître, celui du tout va aller mieux et des promesses alléchantes. On va tout entendre et cela va être assourdissant à tel point que cette irréalité va investir nos esprits.
Prenons un exemple. Le trou de la Sécurité sociale est bientôt comblé, en voilà une bonne nouvelle, ce gouvernement a réussi là où les autres avaient failli. Comme ce ne sont pas les recettes qui augmentent, chômage oblige, comment notre ministre illusionniste de la Santé a-t-elle fait ? Nous n’avons rien vu. À notre insu, la politique de santé pour lutter contre les pathologies de l’environnement excelle : disparus les perturbateurs endocriniens, disparus les pesticides, l’air est parfaitement respirable, une nourriture excellente remplace la mal bouffe. Conséquences : les maladies dégénératives disparaissent, les cancers reculent, les maladies respiratoires ne seront bientôt qu’un souvenir. Le système de soins est devenu un système de santé offrant à chaque citoyen l’accès à des soins de qualité, un suivi individuel qui permet de vivre dans le bien-être. Tous les soignants sont heureux de travailler là où ils exercent. D’ailleurs, la souffrance au travail a disparu, l’empathie règne en maître au sein des entreprises. Fini le stupide paiement à l’acte, fini le travail dans la solitude mortifère, que du bonheur en ville et à l’hôpital. La Sécurité sociale offre une couverture médicale à 100 % aux riches comme aux pauvres. Notre chère ministre a du mérite, car cela ne fut pas simple. Les archaïsmes de toutes tendances ont sans cesse essayé de torpiller sa politique de santé : les laboratoires pharmaceutiques n’ont eu de cesse de crier à la perte de l’emploi ; moins de maladies c’est moins de médicaments, donc perte de rentabilité et de profit, ce qui en économie libérale veut dire chômage. Les assurances privées ont fait de la résistance, un marché à disparu avec la Sécu pour tous à 100 %. Malgré cette adversité, le gouvernement à tenu, gloire à son nom !
Mais je flotte dans ce monde incertain du réveil ou suis-je encore dans le rêve ? Ou déjà dans la réalité ? Le tic-tac du réveil est sans pitié… Ce n’était qu’un rêve électoral.