Jusqu’à quand nous laisserons nous spolier par ceux censés nous gouverner, ce qui inclut de nous protéger de leur politique délétère ? Il ne passe pas un jour sans qu’une soustraction de nos droits, chèrement acquis et financés par nos cotisations et nos impôts, ne soit dévoilée au milieu d’un tellement grand nombre d’informations qu’on ne les repère même pas… Ainsi, combien d’entre nous constatent, au pied du mur, que certaines prestations sociales ont tout bonnement disparu ou que leur accès est désormais conditionné à des critères que nous ne remplissons plus ? Plusieurs régions sont en rupture d’offre de soins publique dans certaines spécialités, ce qui oblige les patients à des déplacements de plus de 150 km qui font exploser les budgets et incitent les pouvoirs publics à réduire drastiquement les conditions des prescriptions de transport. La culpabilisation de ceux qui ne peuvent se déplacer seuls monte en flèche et les médecins généralistes n’hésitent pas à leur conseiller de trouver quelqu’un pour les emmener… C’est pourtant à l’incurie des pouvoirs publics que nous devons la désertification médicale dans les territoires sinistrés, pas aux personnes qui les habitent qui préfèreraient de loin pouvoir consulter dans leur environnement proche…
Beaucoup de médecins ont oublié le prétendu « tact et mesure » derrière lequel ils se planquaient pour augmenter honteusement leurs honoraires. Comment accepter que les difficultés d’accès aux soins se doublent de comportements indignes de certains soignants surfant sur la crise pour se remplir les poches ? Les patients se voient condamnés à payer des sommes très élevées pour pouvoir être opérés, ce qui exclut tous ceux qui n’en ont pas les moyens et n’ont même pas l’idée de protester publiquement.
Pourquoi continuer de faire prêter aux médecins le serment d’Hippocrate qui officialise leur droit d’exercer ? Ne serait-il pas intéressant de l’opposer aux pratiques anti éthiques qui rongent ce dernier espace de confiance qu’est le colloque singulier ? L’art du soin est-il devenu aussi vide de sens que quasiment tout le reste ?
Nous connaissons tous les responsables de ce gâchis qui se pavanent en brassant un air qu’ils rendent irrespirable…
Et si on larguait Manu et ses sbires ? Et si on soumettait l’exécutif et tous ceux qui participent de cette politique au service du pognon à une grande cure d’austérité plutôt que de réduire encore le budget du social et les droits qui en découlent ? À force de réformes destinées à soumettre les possibilités de se soigner au contexte de pénurie, nous ne nous y retrouvons plus. Il est temps de tout effacer et de recommencer avec des bases solides comme le souci du bien-être de la population et une répartition plus juste des ressources comme perspective politique…
N°104 - janvier 2024
Larga Manu… et la responsabilité ?
édito de Pratiques n° 104
par , Pratiques N°104, avril 2024