Noémie Molites
Petite, à l’école maternelle, je redoutais le moment de la cantine. La cantinière arrivait avec son chariot où trônaient des barquettes en plastique blanc. Elle les déposait sur la table, arrachait le plastique transparent et le service pouvait commencer. Je me souviens très bien d’un midi où les choux de Bruxelles étaient au menu du jour. La maîtresse, postée derrière moi, ayant vu que je n’avais pas touché mes choux de Bruxelles me demanda de prendre une toute petite bouchée « juste pour goûter ». Ce que je fis sans trop de réticence. Je me remémore alors cette phrase : « Maintenant que tu en as pris une bouchée, tu peux finir ! », et jusqu’au dernier chou de Bruxelles, elle ne m’a pas quitté des yeux. Depuis, je n’en ai jamais remangé...
À l’école primaire, quand j’ai changé d’établissement, je me souviens d’une grande baie vitrée dans la cour de récréation qui donnait directement sur la cantine. On voyait les cantinières s’affairer pour préparer la purée de carotte et les entrées. Nous étions tous agglutinés devant la vitre, en attendant que la cantine ouvre ses portes. Chacun se servait, son plateau devant lui. Deux choix d’entrée, deux desserts et autant vous dire que nous n’étions pas déçus du plat principal, dont nous avions suivi toute la préparation et qui nous avait mis en appétit. Passer des barquettes en plastique blanc, sorties de nulle part, aux carottes que l’on voyait se faire déshabiller par l’épluche-légumes, savoir comment se concoctait ce qui se trouvait dans nos assiettes. C’est tout plein de petites choses, de souvenirs qui ont contribué à me réconcilier au plaisir de manger à la cantine.