Nous venons de vivre dix années de régression qui aboutissent à éloigner du système de soins les populations les plus pauvres. Le droit à une couverture sociale a laissé place à un système de contrôle généralisé, s’exerçant sur tous les assurés sociaux, avec des mesures spécifiques exclusives pour les étrangers. Tout cela contribue à retarder les soins, à creuser les inégalités de santé et à rendre la situation intenable pour les soignants. Ce contrôle s’exerce dès l’ouverture des droits, dès que l’on s’en sert, que l’on change de vie, de domicile ou de pays. Ceux qui tombent malades et sont en arrêt de travail, ou qui ont un accident de travail ou une maladie professionnelle, subissent des contrôles visant à réduire toujours plus les droits ou les indemnisations. Cette politique du soupçon s’accompagne d’une volonté de réduire les coûts de la santé au mépris de vies gâchées par le travail ou par les aléas de la vie, jusqu’à la veille de la retraite où les blessures du travail sont l’objet d’un ultime contrôle dans le but de les revoir à la baisse. On est bien loin de favoriser la santé de tous dans ce pays.
N°57 - avril 2012