Présenté pas Sylvie Cognard.
Némésis signifie vengeance en grec...
Dans cet essai écrit en 1975, Ivan Illich, le « pape » de la décroissance, décrit comment l’entreprise médicale s’est imposée comme un incontournable dans notre société. Les mots et les concepts sont forts, voire violents : l’entreprise médicale menace la santé ; la colonisation médicale de la vie quotidienne aliène les moyens de soins ; le monopole professionnel sur le savoir scientifique empêche son partage ; la mort est escamotée...
Illich connaît la mythologie et nous fait partager entre autres le mythe de Prométhée. Il déroule son raisonnement et son analyse d’une manière fluide qui nous laisse pantelants d’évidence. Toutes ses affirmations sont démontrées point par point avec un usage important d’articles scientifiques et de références variées. Par deux fois, j’ai lu cet ouvrage et je ne m’en lasse pas. Pour vous donner l’envie de le découvrir ou de le redécouvrir, je vous livre un passage de sa conclusion : « Némésis médicale est plus que la somme de toutes les fautes professionnelles, des négligences, du cynisme de caste, de l’injuste répartition des soins [...], de l’invalidité par diktat médical. C’est plus que la dégradation malsaine des structures sociales par la surmédicalisation tentaculaire. C’est plus même que l’encouragement médical de l’impuissance de l’homme face à la douleur, la maladie et la mort. Némésis médicale, c’est l’auto-dérégulation institutionnelle de l’homme vers le cauchemar. C’est l’expropriation du vouloir-vivre de l’homme par un service d’entretien qui se charge de le maintenir en état de marche au bénéfice du système industriel. »