Éloi Valat
Graphiste
Une rue piétonne achalandée, Joseph, il est d’ici, trois marches pour nulle part, sur ce trône de mauvaise fortune il abandonne un corps assemblage de charpentes d’os. Entaché à gauche d’une taie à demi-transparente, son regard encore bleu se promène sur le va-et-vient des passantes et des passants.
Il tue le temps. Des fois il mendie…
Et quand je passe, il m’appelle :
- « Salut, Gérard, t’as pas une petite pièce pour Joseph ? »…
et le cœur qui bat mal, le tabac qu’il va arrêter et l’alcool… le froid, le SAMU, les urgences… l’infirmière à qui il offre des fleurs, nos amis les cognes… les plaies et les bosses… Je donne la pièce, un billet.
- À charge de revanche, Gérard.
– J’y compte bien, Joseph.
Va pour Gérard, Gérard Lenorman, et Joseph prend toujours de mes nouvelles :
- Ça va, Gérard, Gérard Lenorman, les disques, les tournées, les chansons, tout… ?
Ça va, Joseph, ça va couci-couci.
Trois marches abandonnées.