Isabelle Canil
Orthophoniste
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- Les Ateliers Claude Chassagny (on dit les ACC pour aller plus vite) sont une association petite, mais robuste et vivace, où des orthophonistes se retrouvent. Ils proposent aussi des formations, où on réfléchit sur le positionnement clinique du praticien, sur ce que c’est que le langage, la parole, la langue, le symptôme, la demande, la plainte… tout ça quoi… Évidemment, on n’est pas dans l’air du temps !
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Aux ACC, on n’aime pas trop les bilans normés, avec pourcentages et écarts types.
Claude Chassagny était un psychanalyste – oui je sais, personne ne connaît…
Ce qui est intéressant, c’est qu’avant d’être psychanalyste, il était instituteur spécialisé, et encore avant, il était un élève dyslexique parait-il, et il en a bavé. Donc le voilà à étudier les super pédagogies pour aider les dyslexiques. Et au bout d’un moment, il a dû se dire que même la pédagogie la plus respectueuse faisait chou blanc, fallait trouver autre chose. Et il a façonné une petite merveille, qu’on appelle « la technique des associations », et qui est un formidable outil thérapeutique pour aborder l’écrit avec ceux qui en bavent.
Aux ACC, on considère que tout symptôme qui affecte le langage est à considérer avec prudence et respect parce que si c’est un symptôme, c’est là pour dire quelque chose et il y a quelqu’un derrière. On pense qu’un cheveu sur la langue, qu’une voix éraillée, qu’une dyslexie, qu’une dysgraphie, qu’un bégaiement, qu’un retard de langage… que sais-je encore… sont peut-être une parole détournée et masquée pour dire que quelque chose ne va pas dans la vie. Et même quand il y a une cause organique avérée, comme dans une aphasie, une surdité, il n’empêche qu’il y a toujours quelqu’un derrière, et qu’il n’y en a pas deux pareils. Les protocoles rééducatifs nous font donc un peu rigoler…
Bon… je n’ai pas assez de place pour tout expliquer, mais, à suivre si vous le voulez bien, dans un prochain numéro !
Voir Quand la parole s’envole. Recueil cacophonique