Un vaccin anti-volcans

Sylvie Cognard
Médecin généraliste.

Un vaccin contre l’herpès ? Pas vraiment concluant…

Qui a déjà eu des boutons de fièvre sur le visage ? Ces choses qui commencent par une tache rouge terriblement brûlante pour se transformer en cloques emplies d’un liquide transparent et pour finir par une sale croûte jaunâtre qui vire au marron foncé. Quand on arrache la croûte à ce stade, ça fait saigner, le cratère en dessous est comme une brûlure du 2e degré. Bref, il y en a pour deux semaines pour que ça cicatrise. Outre le fait que cela fait mal, c’est laid... Quand vous êtes adolescent et que vous en avez deux ou trois sur les lèvres qui sont apparus la veille d’un rendez-vous amoureux, quand adulte vous exercez un métier qui vous expose au regard des autres huit heures par jour, mentalement ce n’est pas facile à gérer, même si ce n’est pas grave du tout... Marie-Anne, infirmière à domicile, souffre de ces éruptions volcaniques à intervalles réguliers. La chose se développe en général quand elle est fatiguée, enrhumée ou contrariée, et là elle en a des raisons d’être fatiguée, enrhumée et contrariée... C’est comme si ses tracas du quotidien étaient exposés à la face du monde et à chaque fois, elle en est mortifiée. Elle essaye bien de recouvrir les volcans de fond de teint et de rouge à lèvres, mais c’est pas top. Le matin, ça va encore à peu près, mais en fin de journée... Et voilà qu’un jour, on lui propose un vaccin contre l’herpès, virus responsable des mini-volcans. Quelle aubaine ! Même si ce n’est pas remboursé par la Sécurité sociale, elle le veut ce vaccin qui va mettre fin lui dit-on à ces petites humiliations qui émaillent sa vie de jolie infirmière divorcée avec un enfant à charge. Rendez-vous est pris. Résultat : une injection très douloureuse, un énorme volcan sur le haut de l’épaule à l’endroit de l’injection, 40° de fièvre pendant 48 heures et un arrêt de travail de trois jours. On lui a dit que de toute façon, c’était expérimental et qu’elle était volontaire, elle a tout simplement mal réagi. Marie-Anne n’a pas fait faire les injections suivantes et elle a toujours des boutons de fièvre de temps en temps.


par Sylvie Cognard, Pratiques N°71, novembre 2015

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