Chandra Covindassamy
Psychiatre
Dans le palais de Hastinapura, le maître d’armes Drona enseigne le maniement de toutes les armes aux jeunes princes de la cour.
Arrive le jour où le meilleur guerrier doit être désigné. Pour l’épreuve du tir à l’arc, Drona fait installer un oiseau artificiel au sommet d’un arbre, chacun doit l’atteindre d’une flèche.
Yudihistira, l’aîné est le premier à affronter l’épreuve, mais avant de décocher sa flèche, il doit répondre aux questions de son maître : que voit-il en plus de la cible ? Voit-il l’arbre ? Les nuages ? Drona lui-même ? Les autres princes ? Il répond qu’il voit tout : la cible, l’arbre, les nuages, Drona et les autres princes. Il est éliminé, lui signifie le maître.
Les autres princes, l‘un après l’autre font les mêmes réponses et sont aussi éliminés.
Vient le tour d’Arjuna qui vise l’oiseau et tend son arc. Aux questions de Drona, il répond qu’il ne voit rien, rien d’autre que l’oiseau et seulement sa tête, pas même le corps. Drona lui donne l’ordre de tirer et l’oiseau tombe l’œil transpercé par la flèche.
Cette histoire se passe de tout commentaire, après le temps de voir puis celui de comprendre le lâcher de la flèche serait l’instant de conclure. On laissera le lecteur faire les analogies qu’il veut, notamment avec la situation de soin et aussi à propos du rapport des images et de la médecine, en particulier sur le rapport entre l’image et la cible