Les vieux médecins partent à la retraite, et trois quarts des jeunes médecins sont des femmes. Ils/elles ne veulent pas travailler plus de 35 heures et sont effrayés par l’exercice libéral, pourtant, ceux qui s’y essaient s’y épanouissent le plus souvent. Beaucoup semblent préférer le salariat. Issus pour la plupart de couches sociales privilégiées, ils sont épuisés par les concours et des études principalement réalisées à l’hôpital. Leurs choix de vie et ceux de leurs conjoints ne les incitent pas à choisir l’installation dans des lieux peu équipés ou défavorisés. Des projets innovants de maisons pluridisciplinaires se montent à l’initiative de médecins conscients du risque de désertification après leur départ en retraite. Des jeunes médecins s’y intègrent, en stage ou comme remplaçants, et en deviennent des acteurs impliqués, ouverts au travail pluridisciplinaire et aux questions sociales. Parfois, de jeunes médecins s’attellent à ces projets et se heurtent, comme leurs aînés, aux conflits de clochers et aux lourdeurs bureaucratiques des Agences Régionales de Santé. Dans d’autres localités, des élus tentent de susciter des projets, sans succès s’ils ne rencontrent pas des praticiens motivés. Réduire les déserts médicaux nécessite une réflexion sur la définition des missions des professionnels de santé dans la société, et la prise en compte des désirs et des besoins des usagers. Elle ne pourra se concrétiser sans modification du recrutement des médecins et de leur formation initiale ni sans une politique globale d’aménagement de territoire.
N°60 - février 2013