À quoi utilise-t-on les médecins ? La part administrative de leur travail augmente sans cesse. La relation au patient est négligée au profit du respect des normes et des référentiels. L’utilisation de techniques de plus en plus sophistiquées requiert une spécialisation toujours accrue derrière laquelle l’humain disparaît. Les certificats obligatoires et certains actes de prévention médicalisent la vie des patients au détriment de leur autonomie et parfois de leur santé. L’amélioration de l’offre de soins est nécessaire, mais penser qu’elle pourrait réduire les inégalités sociales de santé est une illusion. Tandis que les pouvoirs publics et le marché leur assignent des rôles qui n’ont plus de relation avec le soin ni la préservation de la santé, les médecins, les psychiatres, les infirmiers se demandent quel est leur rôle dans la société et comment leurs compétences pourraient être mieux employées. Faut-il que l’hôpital psychiatrique loge les patients parce qu’ils sont rejetés de chez eux ? Que les infirmiers remplacent les médecins là où ils sont trop peu nombreux ? Que les médecins fassent en sorte que les pauvres ne meurent pas plus que les riches, et que l’on garantisse le risque zéro par des certificats de bonne santé ? Comment mieux tenir compte des besoins de soins des habitants, de leurs représentations et des désirs des professionnels de travailler en commun, d’inventer de nouvelles pratiques ?
N°60 - février 2013
---- Deuxième partie : Quel champ pour la médecine ?
Pratiques N°60, janvier 2013