Didier Ménard
Médecin généraliste
Faire une petite erreur dans la pratique médicale quotidienne est relativement banal. Il y a la petite erreur de diagnostic, de prescription, les erreurs de comportement, les erreurs de clic sur l’ordinateur. Il y a aussi les erreurs plus graves, celles qui diminuent les chances d’aller mieux pour la personne, et il y a les rarissimes erreurs très graves compromettant l’avenir du malade. Et puis il y a l’erreur de ne pas reconnaître son erreur, d’avoir peur de la regarder en face afin de ne plus la commettre. Mais regarder son erreur, c’est difficile, la tentation de s’arranger avec soi-même est grande pour en atténuer la portée et la souffrance : tout dépend alors de son niveau de conscience. Bienheureux le médecin qui participe à un groupe de pairs, un véritable groupe de pairs, là ou existe la confiance, l’empathie, la bienveillance, la lucidité, la rigueur. Il est alors permis au fautif d’expliquer son erreur, de partager avec les autres l’analyse des causes de celle-ci, d’entendre à son tour les erreurs des collègues... Le groupe de pairs n’est pas là pour prononcer la pénitence, mais pour aider celui qui soigne, donc qui prend des risques, et qui, au lieu de les assumer dans la solitude de l’angoisse, accepte de partager avec les autres. C’est là toute la force du groupe de pairs, j’ai la chance d’en avoir un qui fonctionne depuis plus de vingt ans, c’est vous dire que nous sommes bien ensemble.