Marie-Odile Herter
Secrétaire de rédaction
Un enfant, c’était évident. Plusieurs, peut-être. Un enfant unique ? Pas question. Et l’option père était obligatoire. Je suis fleur bleue, un enfant est le résultat d’un amour partagé. Et puis tout assumer toute seule, encore une fois pas question. Ce serait une famille ou rien. J’ai eu de quoi satisfaire mes instincts maternels : un frère de onze ans mon cadet (c’est malheureux pour lui), du baby-sitting, une filleule, un neveu et une nièce, une seconde filleule, les enfants d’amis. Le père a mis du temps à arriver, je n’y croyais plus. Nous avons profité de nous puis enfin, l’enfant tant attendu. Un enfant de « vieux », voilà ce que ce serait. La société actuelle l’accepte et puis, nous tâcherons de rester jeunes, pour lui. Grossesse idéale, une légère rétention d’eau vers la fin, un peu d’aide des forceps car Monsieur regardait la lune au lieu de regarder le sol... Il grandit, nous assumons notre âge et les nuits entrecoupées puis courtes. Et là, l’envie du 2e arrive. Ce serait peut-être une fille ? Peu importe, ils seront deux. Il se fait attendre, impatience, inquiétude, angoisse, examens, abandon de l’idée que cela se fera naturellement. Et me voilà enceinte, naturellement ! Deuxième période de joie totale et de détachement du monde réel. Même grossesse, un accouchement parfait malgré le fait que Monsieur, également, regardait la lune... j’ai fait soit des rêveurs, soit des têtus. L’avenir le dira... Deux garçons, une chose est sûre, je vais éviter le difficile rapport mère-fille. Et je fais tout pour me montrer maternelle, exprimer mon amour dans les paroles comme dans les gestes, ne pas reproduire...
Est-ce que je regrette d’avoir attendu ? Non. Était-ce ce que j’attendais ? Pas vraiment, c’est plus fort encore. Les enfants sont une lutte et une joie au quotidien. Nous sommes loin de l’image d’Épinal, c’est parfois très dur, mais tellement enrichissant. Et ils nous forcent à rester jeunes, entre les héros télévisuels et livresques, les blagues de récré, les immenses joies d’un rien et les immenses peines dont on ne mesure pas la portée à notre niveau d’adulte... Je les regarde jouer, je les regarde dormir, parfois j’en pleure d’émotion.
Ils seront deux et pas plus. Décision de parents. Et si jamais je retombais enceinte ? Je considère l’avortement comme un droit fondamental et une liberté pour la femme. Mais si je devais, aurais-je le courage ? J’espère ne pas avoir à faire ce choix.
