Sylvie Cognard
Médecin généraliste
À l’heure du démantèlement de tous les services publics.
À l’heure du dépeçage en règle :
– du Code du travail,
– de la médecine du travail, avec son corollaire d’attaques et de condamnations des médecins faisant le lien entre maladies et conditions de travail par des conseils ordinaux à la botte du pouvoir,
– de l’inspection du travail et des conseils des prud’hommes, derniers remparts contre les injustices et le non-respect des droits des travailleurs,
À l’heure de tous ces dépeçages, quelqu’un a-t-il évalué le coût des conséquences de ces destructions ?
En termes humains, en termes de soins médicaux et d’aides sociales, de justice et de police et sans doute de pertes de production ?
Je ne suis pas économiste, mais sans doute quelques milliards…
Je pense au roman de Jack London, Le talon de fer [1], publié en 1908. Il m’apparaît empreint d’une lucidité prophétique : la description des mécanismes du pouvoir dictatorial qui s’organise pour contrer la poussée du mouvement ouvrier, le régime de terreur, l’extension des pouvoirs de la police et de l’armée, le rejet sanglant des organisations ouvrières dans l’illégalité, et enfin la formation d’une « aristocratie ouvrière » servant de réservoir social à la réaction.
L’écrivain socialiste avait su anticiper ces cauchemars alors que rien de concret, à son époque, ne l’annonçait.
Continuons donc de rêver à une utopie intelligente et attelons-nous à la bâtir inlassablement, nous en avons le devoir : la consommation ne serait plus reine, on ne nous programmerait plus l’obsolescence des produits et comme le dit Satish Kumar : « Personne ne devrait être obligé de travailler plus de quatre heures par jour. Le reste du temps devrait servir à nourrir son esprit, son âme, son imagination et sa créativité. La sobriété heureuse peut nous libérer. ».