Le Dernier Jour d’un·e condamné·e, pièce de Victor Hugo

Présenté par Bruno Lombard
Directeur administratif et financier, Le Monde diplomatique

Un homme est condamné à mort. Il se met à écrire, depuis sa cellule, ses pensées angoissées, ses vains espoirs, ses souvenirs heureux à jamais disparus, son désespoir face à la guillotine. Chaque minute est une plongée dans la torture à venir.

Contre la peine de mort, Victor Hugo dénonce l’horreur d’un crime inhumain. C’est le premier de tous ses combats, le plus long, le plus constant, le plus fervent. Témoin très jeune d’exécutions, il va tenter d’infléchir l’opinion en décrivant l’horreur de l’exécution, sa barbarie, en démontrant l’injustice (les vrais coupables sont la misère et l’ignorance) et l’inefficacité du châtiment.

Utilisant sa notoriété d’écrivain et son statut d’homme politique, il met son éloquence au service de cette cause. Ecrivant ce texte à la première personne, Hugo interpelle le lecteur.

Le texte ne révèle ni l’identité du personnage, ni l’acte qu’il a commis, pour qu’on ne puisse pas en faire un cas particulier, dire « Celui-là ne méritait pas de mourir mais d’autres peut-être... » Cet homme devait représenter tous les accusés possibles, C’est le procès d’un acte qu’il qualifiait de « barbare ».

L’originalité de cette adaptation est sa déclinaison au féminin : en tant que femme, cette condamnée du XIXe siècle est doublement victime d’une société implacable qui a créé des lois faites pour la broyer et pour l’étouffer. Dès sa naissance, la femme du XIXe siècle est condamnée à une mort psychique puisqu’elle n’aura pas le droit de penser, pas le droit d’agir comme elle le veut, pas le droit d’être. Aujourd’hui encore, certains pays du monde font de la femme une victime sociale, une condamnée dès la naissance.

Mais on peut aussi regarder ce combat face à la condamnation de la maladie, avec tout au long, l’espoir de la grâce, l’espoir de ne pas succomber.


Mise en scène Pascal Faber et Christophe Borie – Interprétation Lucilla Sebastiani
Théâtre de l’Essaïon, 6 rue Pierre au lard, Paris 4e
Tous les lundi et mardi d’avril et mai 2016 à 21 h 30 – Durée 1 h 15
www.embellieturquoise.fr


par Bruno Lombard, Pratiques N°73, avril 2016

Lire aussi

N°73 - avril 2016

Amphibologie

par Yann Diener
Exercice de stylistique amphibologique à envoyer à tous les directeurs des ressources humaines et autres fournisseurs d’éléments de langage, eux qui voudraient que les phrases n’aient qu’un seul …
N°73 - avril 2016

Soyez insoumis à l’Ordre

par Marie Kayser
Le manifeste du Mouvement d’Insoumission Ordinal Partiel, MIOP, vient d’être lancé.
N°73 - avril 2016

Fins de vie ?

par Christian Bonnaud
Écrire aujourd’hui en tant que soignant sur la fin de vie, c’est écrire sur l’équilibre entre l’espace du soin et la demande du patient. C’est de là que va partir ma réflexion.
N°73 - avril 2016

La condition subjective du condamné

par Tony Ferri
L’obligation de soin dans un cadre judiciaire constitue, à bien des niveaux, une véritable injonction paradoxale, puisqu’elle est liée à une contrainte pénale éprouvée par le sujet comme contraire à …