Olivier Boitard
Psychiatre
Sujet d’un débat fort prisé lors de mes études de médecine, les meilleurs dialecticiens nous conseillaient : « Il ne faut jamais mentir (même au malade), mais on peut cacher la vérité (surtout au malade). » « Il faut dire au patient ce qu’il souhaite entendre », permettait une conclusion rassembleuse.
Aujourd’hui, pour révéler le diagnostic, on n’attend plus la question du patient, parfois même préparé à l’avance lorsqu’il reçoit une convocation pour une « consultation d’annonce ».
Quant au pronostic, finalement peu d’évolution dans sa communication au patient. Nos vieux maîtres disaient : « Chaque fois que l’on me parle de pronostic, je détourne la conversation ». Les consultants d’aujourd’hui livrent des statistiques (« Désormais 90 % des cancers du sein guérissent. »), ils oublient la leçon de l’écrivain américain Mark Twain : « Il y a toutes sortes de mensonges, les mensonges, les sacrés mensonges et les statistiques ».
On verra une évolution, voire un progrès dans la variété des stratégies thérapeutiques pouvant s’adapter aux objectifs du patient en fonction de son âge, son entourage, ses valeurs : vivre le plus longtemps possible, garder le maximum d’autonomie, repousser la souffrance physique ou psychique. Dans ce dialogue entre le soignant et le patient, la vérité s’impose.
Pour nous, seule l’utilité de la vérité (et parfois du mensonge) doit être questionnée au-delà de l’aspect moral. Et que l’on ne vienne pas nous dire, comme déjà entendu : « Tous les menteurs finissent par se faire prendre », ce qui fait bien rire tous ceux qui ont emporté leur mensonge dans la tombe…