Les maladies dont nous parlons dans ce dossier sont celles qui pourraient être évitées, car elles sont liées à des facteurs sur lesquels il est possible d’agir. Les conditions de travail, l’environnement, les conditions de vie ainsi que certaines pratiques médicales s’avèrent souvent nocives pour la santé.
Les causes de ces maladies sont le plus souvent occultées, voire invisibilisées, malgré les données scientifiques produites par la recherche. Mais les chercheurs se heurtent de plein fouet au pouvoir des lobbies industriels et à l’inertie des pouvoirs publics qui les soutiennent.
Les politiques de santé ont été principalement pensées d’un point de vue curatif. En matière de prévention, les comportements individuels (mauvaise hygiène de vie, conduites à risque) sont stigmatisés sans jamais mettre en cause la dimension environnementale ou sociétale. Cette conception revient à exonérer les États de leur responsabilité en matière de santé publique, ainsi que les entreprises de leur responsabilité sanitaire et sociale auprès de la population et de leurs employés.
Des contre-pouvoirs tentent de mettre en lumière la catastrophe sanitaire et économique que constitue la croissance exponentielle des pathologies induites par la précarité, les mauvaises conditions de travail et de vie ainsi que l’iatrogénie médicale. Les lanceurs d’alerte, souvent maltraités, doivent être soutenus et protégés et l’expertise scientifique mise à l’abri de la gangrène des conflits d’intérêts. Seule une recherche indépendante au service de la population peut permettre de produire des résultats opposables.
Les acteurs de la lutte contre ces maladies sont multiples, il s’agit des travailleurs engagés « corps et âme » sur le terrain, des associations, des médecins et des chercheurs qui les soutiennent ainsi que les journalistes qui les relaient, car la tâche est ardue pour sortir les faits de l’invisibilité, faire connaître les réalités de terrain, poursuivre les recherches malgré les obstacles. C’est le travail en réseau qui produit les meilleures chances d’aboutir envers et contre tous.
Si toutes les maladies ne sont pas évitables, une partie importante d’entre elles pourrait disparaître. Lorsque des présomptions fortes sur la responsabilité d’un facteur identifié comme pathogène sont évoquées par les scientifiques, il faudrait que les décideurs appliquent le principe de précaution sans attendre le résultat final des recherches en cours. Cela nécessite une volonté politique de protection des populations face à toute activité ou condition induisant un risque pour la santé.
N°69 - mai 2015
---- Dossier : Ces maladies que l’on pourrait éviter
Pratiques N°69, mai 2015