Abandonnés par la médecine, victimes d’une guerre à la drogue particulièrement virulente en France, les usagers ont dû s’organiser pour exiger un minimum de droits en matière de santé. Revendiquant la liberté de consommation sans nier les contraintes liées aux dangers de certains produits, les plus militants, alliés à des personnalités — dont des médecins —, ont développé des outils de résistance et de protection de leur santé. C’est ainsi qu’en pleine épidémie de sida, le mouvement « Limiter la casse » est né, définissant le concept de « réduction des risques ». De cette façon, les usagers de drogue, ayant montré qu’ils étaient capables de s’organiser pour faire reculer la contamination, réclament le statut légitime de « citoyen ». L’accès à la médecine, grâce aux traitements de substitution, a permis à certains de reprendre une vie normale.
La pénalisation de l’usage de drogues empêche de trouver de nouvelles réponses aux problèmes des consommateurs actuels. Surgie dans les années 90, cette question prend aujourd’hui des accents politiques et sociaux : ceux de la guerre faite aux minorités et aux pauvres. Quelques élus locaux ont compris, souvent mieux que les médecins, quels enjeux de société nécessitent d’entendre la parole et l’analyse politique des usagers.
N°58 - juillet 2012
---- Deuxième partie : Du côté des usagers
Pratiques N°58, juillet 2012