Jean-Marie de Lépinay,
orthophoniste
Ce pauvre maladroit, ce mioche paresseux,
Ce gamin insolent, hypocrite et menteur,
Ce garnement sournois, débraillé et morveux,
Ce pervers polymorphe aux malsaines humeurs…
Ce lardon capricieux, ce gosse fou de rage,
Cet imbécile heureux, cet étrange personnage…
On lui flanque une taloche, ça marche quelquefois,
Un coup de pieds aux fesses, ça n’fait d’mal à personne,
On le mate, on l’enferme, on le gronde, le raisonne,
Il n’est pas bien méchant, il écoute quelquefois.
On l’a morigéné. On le pèse, le mesure.
On lui parle gentiment, le voilà bilanté.
THADA, TOP, T.S.A., le voilà T.N.D..
Ce sont des mots savants, voilà qui nous rassure.
Un coup d’pouce, un coup d’main, on le dresse, on le plie.
On le drogue, le répare, on le coache, le complie…
Quand va-t-il se calmer, écouter et apprendre ?
Et tout ce qu’on lui dit, mais quand va-t-il l’entendre ?
On en parle entre nous, c’est à n’y rien comprendre…
On voudrait bien l’entendre, il va falloir l’attendre.
Déplier patiemment ses neurones meurtris,
Excités ou éteints, pour recoudre un tissu,
Le laisser retrouver les liens de ses insus,
Et trouver le chemin de moments épanouis…
Contre le temps qui passe impatient implacable,
Faire et le laisser faire sur notre coin de table…