Angèle, le trompe-couillon et la T2A

Marie D’Umigna
Psychologue dans un service de gériatrie à Marseille

Angèle, dans le temps, quand elle faisait les toilettes aux vieilles patientes de mon service de gériatrie, prenait toujours le temps de plaisanter, y allant de mots crus et de sourires. « Alors, maintenant, on va s’occuper de la foufoune… », « Et puis un peu de trompe-couillon pour finir », en mettant du rouge aux joues en fin de toilette. Quand la patiente à la fin était toute propre, elle était contente, et Angèle aussi.
Aujourd’hui, avec la tarification à l’activité, les nouvelles aides-soignantes, les remplaçantes d’Angèle, sont méprisées, dévalorisées, elles courent après le temps, prises dans un système où la galéjade n’existe pas, n’est plus comptée, ni reconnue. Alors rares sont celles qui arrivent à trouver encore le temps et l’énergie de plaisanter, et les toilettes sont devenues tristes.
Et si c’était la T2A, le trompe-couillon ?


Pratiques N°52, janvier 2011

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