La servitude à laquelle ont été éduquées les femmes est toujours d’actualité sous des formes différentes selon les milieux. Si d’aucunes ont réussi à s’extraire de la maison pour travailler, c’est au prix de journées doubles, travail salarié plus travail gratuit, voire grâce à d’autres femmes, moins favorisées, qui effectuent à leur place les tâches liées à l’entretien de la maison, la garde des enfants ou l’assistance aux vieux parents. Ce travail, non reconnu tant qu’il n’est pas salarié, n’exige pas de formation professionnelle puisqu’il s’appuie sur les savoir-faire traditionnellement exigés des femmes. Il s’inscrit d’ailleurs dans une catégorie à part, celle dite du « service », nouvelle classe de précaires, souvent immigrées, qui assurent ce qui reste incontournable et toujours très peu partagé par les hommes : l’entretien du foyer. La notion de care voudrait englober et revaloriser la multitude des gestes élémentaires du prendre soin de l’autre, en les nommant, mais il y a encore loin du désir à la réalité. Le travail invisible, difficile à compter dans l’espace privé, prend une toute autre signification et exige une autre reconnaissance lorsqu’il devient un métier. À la rue ou sur le trottoir, une autre invisibilité des femmes perdure…
N°52 - février 2011