Pratiques N°28 Les pouvoirs en médecine

Penser le pouvoir en médecine, c’est aujourd’hui le penser au pluriel, car le « pouvoir médical » n’est plus isolé, mais il s’articule et se confronte avec d’autres pouvoirs plus ou moins occultes que nous allons essayer de mettre à jour.

Bien sûr, il reste encore l’intime de la relation entre médecin et patient, un pouvoir lié aux enjeux de vie et de mort, fait selon les cas d’humanité ou d’arrogance. Mais le pouvoir médical a changé, il a reculé pour de bonnes et de moins bonnes raisons. Les bonnes, on les connaît, ce sont les combats d’associations d’usagers en lien avec des professionnels minoritaires autour, par exemple, de la contraception, du VIH ou de l’amiante. Les moins bonnes, elles sont là masquées, mais redoutablement présentes, ce sont les collusions de ceux qui font de la médecine un marché économique et un espace de mystification pour toute la société.

Qui sont les acteurs de cette usurpation ? Comment cela retentit sur le soin et la société ? Comment se positionnent les soignants ? Quels contre-pouvoirs peuvent s’élaborer ? Voilà les questions que ce numéro veut poser.

Ceux qui aujourd’hui influent contre le soin, ce sont les firmes pharmaceutiques, les technocrates qui décident à mille lieues du vécu des gens, les gestionnaires qui ont une vision comptable à très court terme, les politiques qui veulent privatiser la Sécurité sociale, les assureurs privés qui profitent du déremboursement des soins, l’institution judiciaire qui croit pouvoir se substituer à l’absence de dialogue et de réflexion collective. Voilà pour le soin.

Mais il y a aussi tout le champ de la santé, en ces temps où la société subit ou tolère une dégradation des conditions de vie et de travail de tant et tant de gens. Le pouvoir médical serait aujourd’hui de faire de la santé publique, de témoigner non seulement contre la privatisation du soin, mais aussi contre la dérive libérale qui casse toutes les solidarités.

Dans la violence des rapports de force actuels, où l’on voit des professionnels et le gouvernement troquer la diminution de l’accès aux soins contre la liberté des honoraires médicaux, la mobilisation des soignants s’impose pour rassembler tous ceux qui croient encore aux valeurs de leur métier.

Mais surtout, il existe aussi des contre-pouvoirs chez les usagers qui essaient de défendre une autre conception du soin et de la santé, citoyens ou associations de malades, mutualistes, syndicalistes, militants du mouvement social, qui cherchent à confronter leurs points de vue, et à unir leurs efforts. Pour ensemble faire de la médecine et de la santé un espace de résistance.

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