Vous êtes ouverts ?

Lanja Andriantsehenoharinala,
Médecin généraliste.

« - Allô ? - Oui, je vous écoute - J’appelais pour savoir si le cabinet était ouvert… »
Incroyable… une pandémie mondiale inattendue se développe et les lieux de soins seraient fermés ? Je me suis demandée si les patient.e.s réalisaient vraiment la question qu’ils posaient. Est-ce qu’ils.elles envisagent sérieusement que les cabinets de médecine générale ne fonctionnent plus dès qu’une maladie contagieuse est à la porte ? À partir du 17 mars 10 heures du matin, la salle d’attente a attendu les patient.e.s. En ayant gardé le fonctionnement habituel, j’ai pu observer celles et ceux qui sont quand même venu.e.s. Il y a eu les malades d’« autre chose », cet autre chose qui a eu tant de mal à exister pendant cette période. Il y a eu les malades suspect.e.s de Covid-19. Il y a eu les malades qui n’ont rien à craindre ou qui ne craignent rien (qui ne regardent pas la télé ?).
Pendant ce confinement, les spécialistes ont baissé pavillon : pourquoi ? Est-ce qu’il leur est impossible de mettre un masque, de se fournir en gel hydroalcoolique, de limiter les allées et venues dans les locaux – bref de prendre les mesures maintenant en vigueur ? Est-ce qu’un.e spécialiste est plus contaminant.e qu’un.e médecin généraliste ? Ou plus fragile peut-être… ? Les lieux de soins psychiatriques du secteur ont bouclé dès le début vite fait bien fait, alors que la situation risquait de dégénérer urgemment pour plusieurs de leurs administré.e.s. C’est vrai que ça soulage de ne plus faire d’accueil. D’après moi, les gens se résignaient bien vite au fait qu’il leur faudrait prendre patience. À l’Assurance maladie : personne non plus. Et le télétravail des employé.e.s de Sécu n’a p.as fait de miracle sur la continuité des droits, malgré les efforts de communication de la caisse nationale d’assurance maladie.
Finalement, dans ce système de santé, il y a de quoi se demander non pas si c’est ouvert, mais s’il y a quelqu’un.e.


par Lanja Andriantsehenoharinala, Pratiques N°90, juillet 2020

Documents joints

Lire aussi

N°90 - juillet 2020

L’ours du numéro 90

Pratiques, les cahiers de la médecine utopique est édité par Les éditions des cahiers de la médecine utopique, dont la présidente est Sylvie Cognard. La revue Pratiques est éditée depuis 1975. La …
N°90 - juillet 2020

1943 : année préparatoire à la médecine, université de Strasbourg-Clermont Ferrand

par Françoise Lagabrielle
Françoise Lagabrielle, Médecin psychiatre retraitée, membre du Collectif Aquitaine de réflexion sur l’éthique biomédicale. Un médecin aux cheveux blancs et belle barbe de même couleur entre en …
N°90 - juillet 2020

Social et médiéval en bateau…

par Lionel Leroi-Cagniart
Lionel Leroi-Cagniart, Psychologue du travail. Réseau Souffrance et Travail. Pour penser la situation, s’arrimer au réel des établissements médico-sociaux nous révèle les dessous de la gestion …
N°90 - juillet 2020

Écho du fond de l’entonnoir

par L.A. Woman
L.A Woman (LAW), Infirmière. Quelque part en France, la pandémie survient dans une unité de soins déjà en crise, d’un hôpital psychiatrique en crise depuis des lustres. Dans notre pavillon, …