Pascal Caboret et Jean-Luc Landas pour le Collectif nantais « Pour le droit à la Santé et à la protection sociale pour toutes et tous »
Depuis 2003, le Collectif nantais « Pour le droit à la Santé et à la protection sociale pour toutes et tous » défend avec opiniâtreté les principes d’une Assurance maladie solidaire seule garante d’une couverture socialisée de la maladie et de soins de qualité pour toutes et tous.
Le Collectif nantais est né en janvier 2003 suite à des menaces sur les conditions d’accès à l’Aide médicale d’État et à la Couverture médicale universelle. Le collectif est constitué d’une trentaine d’organisations syndicales, associatives et politiques refusant cette discrimination dans l’accès aux soins. Malgré nos différences, un accord est rapidement obtenu autour d’une plate-forme de revendications : égalité pour toutes et tous dans l’accès aux soins, qualité des soins, solidarité dans le mode de financement de la Sécurité sociale, nécessité d’une gestion démocratique de la Sécurité sociale et d’une transformation de notre système de santé qui devra répondre aux besoins de santé de toute la population en intégrant dans sa réflexion l’influence sur la santé des conditions de travail et environnementales.
Les actions menées depuis 2003 sont multiples : débats et manifestations, interventions auprès des élus, projections de films autour de la santé, interventions télévisuelles, signatures (sur les marchés nantais, à la sortie des Caisses primaires d’assurance maladie ou des hôpitaux) de pétitions condamnant les dépassements d’honoraires, les franchises ou autres forfaits non couverts par l’Assurance maladie… En 2005, le Collectif nantais appuie les actions du tout jeune Collectif « Santé vous libre ! » qui défend le droit pour tout patient aux sorties libres lors d’un arrêt maladie, droit remis en cause au mois d’août 2004, et qui sera de nouveau accordé trois années plus tard sous notre pression collective. En 2011, le Collectif nantais rejoint la Coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et des maternités de proximité au détour des actions nationales intitulées : « Notre Santé est en danger, toutes et tous dans l’action ! ». Et en 2014, le collectif organise à Nantes les 20e Rencontres nationales de la Coordination.
Impossible de résumer en quelques lignes treize années de mobilisations et de combats obstinés, de réunions mensuelles. Le bilan est partagé entre contentement et insatisfaction. Nous avons réussi à créer et à maintenir sur la durée un début de convergence associative, syndicale et politique autour de la défense et de l’amélioration de notre système de santé.
Mais la mobilisation reste largement insuffisante pour être réellement efficace. Certaines organisations nous ont quittés par manque de militants ou estimant que nous prenions parfois une posture trop politique. Il y a une discordance entre le nombre d’organisations signataires de nos appels locaux ou nationaux et la mobilisation citoyenne sur le terrain.
Les citoyens estiment bien souvent que leur santé relève d’une affaire privée alors que l’Assurance maladie propose en fait une couverture socialisée de la maladie. Car si la maladie est une expérience personnelle, elle engendre une réponse collective par le soin, la recherche, l’organisation sanitaire, les prestations sociales issues d’une cotisation salariale collective… « Le droit à la Santé » comme le défend notre collectif, ce n’est pas la demande absurde « d’une nouvelle forme d’immortalité ou de l’absence totale de maladie » comme le suggèrent parfois ironiquement nos critiques. Le « droit à la Santé », c’est pouvoir se soigner quand on tombe malade, c’est aussi avoir des conditions de vie et de travail qui ne sont pas sources de maladie alors qu’aujourd’hui les inégalités sociales de santé sont très importantes.
Notre tâche nous semble bien vaste et nous assistons impuissants à la privatisation de notre protection sociale, aux fermetures de services ou d’hôpitaux considérés désormais comme non rentables… Mais il nous faut poursuivre et parfaire cette démarche originale de rassemblement aussi bien localement que nationalement. Il nous faut retrouver tous ceux qui nous ont quittés et se joindre aux mobilisations de soignants qui se multiplient autour de nous…