« Si quelqu’un voulait bien s’occuper de moi, on verrait bien que je n’ai besoin de personne. » Cette sublime phrase énoncée par un jeune en difficulté, le pédopsychiatre Stanislas Tomkiewicz adorait la raconter. Pour dire sa conception de la vie et du soin. Pour montrer combien le désir de liberté s’appuie sur la force du lien.
Il faut dire que, sur ce sujet, il en connaissait un rayon. Jeune adolescent du ghetto de Varsovie, rescapé des camps de concentration, il était venu en France faire ses études de médecine, après avoir été soigné en sanatorium d’une grave tuberculose. Il avait fait le choix de s’occuper de ceux qui étaient les plus rejetés, isolés, délinquants, relégués dans des structures dites spécialisées. Il était devenu psychiatre dans un foyer alternatif pour jeunes délinquants, à Vitry en banlieue parisienne, Il avait œuvré pour la dénonciation de la violence institutionnelle et avait publié Aimer mal, châtier bien avec Pascal Vivet.
Ceux qui l’ont connu se souviennent de son sourire espiègle, de ses yeux pétillants et de la façon dont il faisait confiance aux ressources de son interlocuteur. « Comme vous l’avez remarqué finement, ceci ou cela… ». « Vous qui êtes très intelligents, vous savez que ceci ou cela… » Il avait envie de partager un peu de sa foi dans la vie, dans la capacité de chaque être humain d’aimer, d’être aimé et respecté.
Cette phrase paradoxale de ce jeune, j’aime aussi la raconter, à des jeunes collègues (et des moins jeunes) et aussi à des parents. Pour rappeler combien dans le soin comme dans le lien aux enfants, il s’agit à la fois de s’effacer et de s’engager.
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