En inventant des codes sociaux complexes, l’être humain a transformé l’acte intime et individuel de manger en l’incluant dans des systèmes de partage et de lien.
Mais l’essor du savoir scientifique dévoyé dans une conception mécaniste rabat la nutrition sur la quantification des apports.
Cette même conception quantifiante, en collusion avec la recherche d’un profit maximal à court terme, conduit à une agriculture très polluante. La même logique productiviste de moindre coût conduit, dans les cuisines, à des conditions de travail très éprouvantes pour les salariés et à la diffusion d’une alimentation industrielle.
Cependant, le plaisir indissociable de l’acte de manger fonde une autre diététique prenant en compte la relation.
La dimension irréductible de partage et de lien exprimée par des jeunes se destinant à être cuisiniers apparaît aussi dans les nombreux sites Internet où s’échangent activement recettes et commentaires.
Enfin, l’engouement actuel pour les livres, revues, émissions télévisées et stages de cuisine témoigne des contradictions et ambiguïtés dans l’acte de cuisiner : soumission à un modèle, adéquation à un mode de vie consumériste et à une idéologie de la compétition ou bien réappropriation personnelle et partage créatif de cette activité.
N°56 - février 2012
---- Première partie : L’intime et le lien
Pratiques N°56, janvier 2012