* Didier Fassin, Les mondes de la santé publique, Seuil 2021
Excursions anthropologiques. Cours au Collège de France 2020-2021
Présenté par Pierre Volovitch
La santé publique demeurait un sujet marginal. Avec l’arrivée de la Covid, « les aspects les plus triviaux comme les plus essentiels de l’existence ont été déterminés en fonction de ce que disaient les experts ».
Oui, il va falloir « apprendre » à parler santé publique. Et coup de chance, Didier Fassin publie ses leçons données au Collège de France.
Point de départ : le « saturnisme infantile ». En 1987, un enfant meurt du saturnisme (intoxication par le plomb), une dizaine d’enfants sont hospitalisés pour cette pathologie. En 1999, un rapport de l’Inserm évalue à 85 500 le nombre d’enfants présentant une « imprégnation saturnine ». Comment passe-t-on de 10 à 85 500 cas ?
Le système de soins connaît l’individu malade. La santé publique recherche une population menacée.
Une question de santé publique n’apparaîtra que si elle est portée par des acteurs.
La solution ne sera pas trouvée dans des soins, mais dans des actions sociales ou réglementaires. Contre les vieilles peintures au plomb qui intoxiquent, il faut reloger les plus pauvres, interdire réellement les peintures au plomb.
Cette solution aura un coût. En compétition avec d’autres politiques publiques, il faudra faire des choix.
S’appuyant sur ce premier récit, Didier Fassin développe, à partir de situations concrètes en Afrique, dans les Amériques… sept « facettes » de la santé publique : usage des chiffres, souffrance du patient et savoir du médecin, place dans le débat des thèses conspirationnistes…
Il va falloir apprendre à débattre de santé publique. Les mondes de la santé publique est une très bonne introduction à cette nécessaire activité.
Retrouvez la version longue de la présentation de Pierre Volovitch sur notre site