Martine Lalande,
Médecin généraliste
Échange informel au cours d’un congrès. Elle est pharmacienne dans une petite ville de province, je suis généraliste en banlieue parisienne. Je lui raconte mon allergie de l’informatique, qui me pose problème alors que mes jeunes collègues surfent sans encombre. « Au moins, avec le logiciel médical, mes ordonnances sont lisibles », dis-je pour me consoler. On épilogue sur les écritures illisibles des ordonnances traditionnelles, sources d’incompréhensions et d’erreurs, et la lourde responsabilité du pharmacien qui doit rectifier les prescriptions, au risque de se faire mal recevoir au téléphone par le médecin illisible et impatienté... Je lui raconte comment l’une de mes amies pharmacienne affiche l’ordonnance au mur et recule de dix pas pour mieux décrypter les hiéroglyphes de certains confrères qui écrivent pire que moi... Mais aussi les gags de l’ordinateur qui recopie une posologie précédente prescrite pour d’autres personnes, si bien qu’une de mes patientes prenait de la thyroxine [1] un jour sur deux et ne s’en sentait pas si bien... Elle me dit enfin : « Moi je regrette les ordonnances faites à la main. Car je connais bien “mes” médecins. À l’écriture, je voyais si l’un d’entre eux était plus fatigué que d’habitude. Alors je me faisais plus vigilante encore et je n’hésitais pas à l’appeler pour me faire confirmer ce qu’il voulait prescrire. »