La Sécu en Espagne

Martine Lalande
médecin généraliste

Hassan est né au Maroc, il a émigré en Espagne où il a passé six ans, vivant de petits travaux, cueillette restauration chantiers. C’est devenu trop difficile, on lui a dit qu’en France il y avait encore du travail. À Gennevilliers, Maison de la solidarité [1], consultation d’accès aux soins après le petit déjeuner. Chacun devrait avoir un médecin près de là où il vit, et une couverture sociale, l’aide médicale d’Etat (AME) [2] s’il n’a pas de revenus. Pas de problème, pour se soigner, on va lui demander l’AME. Une association le domicilie, il a un passeport et la Maison de la solidarité le reçoit depuis trois mois. On consulte la déléguée solidarité de l’Assurance maladie qui vient tous les quinze jours constituer les dossiers. Non, malheureusement ce n’est pas possible, son aide médicale espagnole est valable encore trois ans, il faut qu’il avance les frais et se fasse rembourser en Espagne. On appelle la coordinatrice sociale du réseau ArèS92 [3] : seule solution, l’adresser à l’hôpital, qui peut faire le tiers-payant avec les assurances maladies étrangères. Pour l’accès aux soins en ville, c’est raté.


par Martine Lalande, Pratiques N°57, mai 2012


[1Lieu d’accueil de jour pour personnes en situation de précarité (fondation Abbé Pierre).

[2On peut obtenir l’aide médicale d’État si on n’a pas de carte de séjour, si l’on peut prouver que l’on est sur le territoire français de façon continue depuis plus de trois mois et que l’on a une domiciliation en France.

[3Réseau de santé fondé en 1992 pour coordonner les soins des patients vivant avec le VIH, des usagers de drogue et des patients en situation de précarité.


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