Paradoxalement, pour moi Pratiques a commencé par du publipostage !
Patrice Muller et Christian Nachon avaient ouvert un cabinet à la fois médical et militant. En dehors des consultations, à leur initiative, nous avions fondé l’association « Ça vous chatouille ou ça vous grattouille ». Une fois par trimestre environ, nous organisions une réunion autour d’un thème médical. Des docteurs mettaient la médecine à notre portée et surtout l’envisageaient d’une façon différente, incluant le patient et le considérant dans son environnement social. Ils nous offraient une nouvelle approche de la médecine qui incluait l’information, le dialogue, l’écoute. Pour moi, ce fut une révélation !
Malgré mon implication dans l’association, je ne connaissais pas Pratiques. Un jour, Patrice a proposé à ma fille de faire la mise sous pli de la revue contre un peu d’argent de poche. Il fallait la glisser dans les enveloppes, puis les trier par département et mettre le tout dans des cartons. Pas très rigolo à faire seule, alors elle m’a demandé si je pouvais l’aider. Bien sûr, j’ai accepté et j’en ai profité pour jeter un œil sur la publication.
A priori, je pensais qu’elle s’adressait essentiellement aux soignants. Mais les auteurs pouvaient être aussi philosophes, économistes, sociologues et même patients. J’ai rencontré les personnes qui font vivre
Pratiques,les cahiers de la médecine utopique et j’ai les ai aimées. Des gens humains qui non seulement se dévouaient sans compter auprès de leurs patients, mais qui passaient une bonne partie de leur temps libre à se rencontrer pour que la médecine reste au service du patient, et non pour que les laboratoires et actionnaires soient plus riches. Une utopie ? Et bien malgré la fatigue, le découragement parfois, je les ai toujours vus relever la tête et continuer le combat.
Le thème de la revue essaie de coller au plus près à l’actualité. Le vécu dans leur cabinet sert à illustrer ce qui va bien ou au contraire les inepties engendrées par un système de santé qui prend l’eau. Voilà pourquoi la lecture de Pratiques s’adresse à tous, même à un profane.
De fil en aiguille, j’ai fait partie du comité de lecture, j’ai moi-même proposé des textes, j’ai aidé au secrétariat, assisté à des séminaires. Je ne suis toujours qu’une patiente, mais je dirais une patiente avertie et surtout qui a eu la chance de rencontrer ces personnes.
Pratiques a connu des hauts et des bas, mais il souffle cette année ses 40 ans. Plus que jamais, dans ces temps difficiles, il faut que l’utopie nous donne de l’espoir. Patrice nous a quittés, mais pour lui il faut que Pratiques vive.
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