Lucas Maleville
Médecin généraliste remplaçant
C’est tôt le matin, je prends la route. J’écoute France Inter et j’entends un spot de la sécurité routière intitulé « dommages et intérêt » : un homme raconte son dur métier de livreur, la pression au travail et son échappatoire dans la consommation de cannabis, l’accident, puis la condamnation, il perd son emploi et doit payer des dommages et intérêts. Et la voix off de terminer par : « le cannabis est illégal, sur la route il peut être fatal ».
Le message est clair : faut pas fumer et pas conduire sous l’emprise du cannabis. Le débat existe, on peut être d’accord ou pas.
Mais avant tout, on peut être choqué par la rapidité de la conclusion. À aucun moment il ne sera abordé la violence de son travail de livreur, la cadence exténuante et les dégâts de son travail sur sa santé, directement, ou indirectement, suite à l’usage de drogue.
Tout se passe comme s’il était normal que le travail soit difficile et usant, et il est de la responsabilité de chacun de trouver un moyen d’y pallier. Et gare à ceux qui le feront par des moyens illégaux.
J’aurais plutôt conclu le spot par « le travail peut gravement nuire à la santé, passons à la semaine de 20 heures… »