Yveline Frilay,
médecin généraliste
Le patient diabétique devient une source de rémunération pour le médecin traitant, s’il fait adhérer son patient au programme SOPHIA, organisé sous l’égide de l’Assurance maladie. Dans ce cas, le médecin perçoit la valeur d’un C (23 􏰀), un autre C pour l’évaluation et un C lors du renouvellement, soit 46 􏰀par an, sans rien faire. Et tout cela pourquoi ? Pour qu’une infirmière de la CPAM téléphone au patient afin de l’intimer à réaliser ses examens (dosage de l’hémoglobine glyquée trimestrielle, réaliser un fond d’œil, un électrocardiogramme par an.)
Dans un réseau, au contraire, la prise en charge est personnalisée, individuelle ou en groupe, à l’écoute du patient, progressive, en fonction du besoin du moment, en connaissance des conditions socio-économiques, entre professionnels qui se connaissent et communiquent. Comment une infirmière au téléphone peut-elle parler de diététique, de soins des pieds, de vérifier si les chaussures sont adaptées ?
Le réseau Paris Diabète, qui refuse un financement des laboratoires pharmaceutiques, fait face aujourd’hui à une diminution du budget et à l’augmentation du nombre de patients. Il a décidé de ne plus rémunérer les fiches d’évaluation annuelle des patients inclus dans le réseau si le patient n’utilise pas au moins une prestation du réseau dans l’année (diététique, podologique, séances d’éducation thérapeutique).
Le réseau sera-t-il menacé avec la généralisation de SOPHIA ? Que feront les médecins ? Privilégier les finances du médecin ou la santé du patient ? Un nouveau conflit d’intérêts.