Guillaume Getz
Médecin généraliste
J’ai appris qu’un dépressif, ça vaut soixante-neuf euros par an minimum. Eh oui, les généralistes peuvent coter une fois par an le remplissage de l’échelle de Hamilton, qui mesure l’intensité de la dépression du patient. Vingt-et-une questions, une échelle validée internationalement et soixante-neuf euros dans la poche. Apparemment, pas mal de collègues la pratiquent. Par souci de bien soigner ou pour remplir le tiroir-caisse ? Les deux mon capitaine ?
Eh bien pour moi, c’est non merci ! Déjà, j’ai bien du mal avec les échelles. Cette manie de vouloir tout quantifier, de réduire le sujet, son vécu, son histoire à un chiffre, ça ne me parle pas. Et puis je ne me vois pas demander à un patient au bout du rouleau soixante-neuf euros sous prétexte de lui avoir fait passer une grille ! Ça me fait penser à la cotation « spécial cancer » : « Vous comprenez, je vous ai annoncé un cancer, alors c’est soixante euros et non vingt-cinq comme d’habitude… Comment, vous ne saviez pas que le cancer coûtait cher ? Ça vous rend triste ? Vous voulez que je vous parle d’un ami appelé Hamilton ? »