Yves Demettre
Médecin généraliste
Tout au long de mes études médicales, commencées en 1971, de ma formation hospitalière et après mon installation en médecine de ville, des solidarités spontanées se sont créées.
Pendant les études, des petits groupes d’étudiants se forment pour le partage des cours, brisant l’isolement face à une dure compétition pour le succès aux examens et la recherche de la meilleure place possible. Ma participation à l’Union nationale des étudiants de France (UNEF) m’a permis d’avoir une action syndicale au sein d’un groupe d’étudiants, nous étions solidaires et avions des objectifs et une réflexion commune.
Plusieurs années de travail en milieu hospitalier ont été décevantes, car les tentatives de travail en groupe au sein des services sont vite brisées par la hiérarchie qui montre que tout vient d’en haut et que la base a peu son mot à dire. J’ai été très content de quitter ce milieu pour m’installer en ville. Rapidement, avec deux autres confrères ayant une patientèle dans la même ville, nous avons assuré la continuité des soins au quotidien et pendant l’absence de l’un d’entre nous. La pérennité de notre entente sur plus de vingt ans a rassuré nos patients.
Pour les soins aux patients toxicomanes, un groupe d’échange de pratiques s’est formé et nous ne nous sentions plus seul face à ces patients.
Avec deux confrères et une consœur, diplômés en ostéopathie et en médecine générale, nous avons organisé un groupe de travail et avons pu rendre accessible l’ostéopathie même aux patients titulaires de la Couverture maladie universelle (CMU), sans supplément financier aux consultations.
Pour faire fonctionner la solidarité, quand c’est possible, il faut penser tout particulièrement à demander une reconnaissance en Affection de longue durée (ALD) chez les patients n’ayant pas de mutuelle, cela nécessite la coopération de médecins-conseils appliquant les règles avec humanité.
Pour certaines populations exclues du système de solidarité, comme les personnes sans domicile fixe, nous avons formé un groupe de médecins bénévoles à la demande d’un éducateur d’un accueil de nuit pour assurer des soins et avons, à l’aide de la Permanence d’accès aux soins de santé (PASS) de l’hôpital, débloqué des situations difficiles.
Il en est de même pour les migrants de la région de Dunkerque, grâce à la présence de Médecin du monde, nous avons pu donner des soins et distribuer des médicaments gratuitement.
Les solidarités, nous l’avons vu, sont parfois nécessaires pour assurer la continuité et l’accessibilité des soins pour certains, ces solidarités permettent aussi d’atténuer la concurrence entre confrères, elles sont spontanées et décidées à notre niveau.