Martine Lalande
Médecin généraliste
Parfois Rémi s’ennuie dans son stage d’orthopédie. Il est en 4e année de médecine, et, après le staff du matin, quand il a fini ses dossiers et commandé les examens, les internes et les chefs sont au bloc, il n’a plus rien à faire. « Alors je m’occupe des P2. » Ce sont les étudiants de 2e année, en stage de sémiologie, qui viennent apprendre à faire une observation et un examen clinique. « Je leur fais faire l’interrogatoire : antécédents, mode de vie, histoire de la maladie. Et l’examen clinique, comme je le fais. » Au fait et lui, qui le lui a appris… ? Il s’amuse à leur poser des problèmes, pour discuter : « Je leur parle seulement de ce que je sais, et s’ils posent une question difficile, je leur dis qu’on demandera à l’interne… » Quand il me raconte ce passe-temps, je me demande : mais qui apprend à qui à l’hôpital ? Cela ne me semble pas avoir beaucoup évolué depuis mon ancien temps… Rapide enquête auprès de Cécile, « mon » externe (étudiante de cinquième année en stage dans mon cabinet) : on apprend parfois avec l’interne – s’il a le temps et le goût d’enseigner –, parfois avec le chef de clinique – dont c’est le travail, mais il n’a pas toujours le temps –, et selon les services : l’examen neurologique en neurologie, l’auscultation en cardiologie… Mais quand apprend-on à entrer en contact avec les patients ? Rémi : « Ce qui est difficile, c’est de trouver le bon malade : il faut qu’il comprenne le français, qu’il ait toute sa tête, qu’il ait un certain âge pour avoir déjà eu des histoires médicales pour que ce soit intéressant, et qu’il soit d’accord »…