---- Première partie : Quelle formation, pour quelle médecine ?

« Les études sont très difficiles, mais c’est un beau métier ». Parole d’étudiante en deuxième année de médecine, ayant franchi le barrage du concours et pleine d’espoir dans une formation qui doit la mener à un métier basé sur des relations humaines.
Qu’imaginent et espèrent les jeunes qui s’inscrivent en médecine ?
Des études intéressantes ? Une acquisition de connaissances variées associée à un apprentissage technique ? Des débouchés professionnels ? Une place confortable dans la société ? Des relations humaines enrichissantes ? Une reconnaissance ?
Quelle déconvenue lorsqu’ils échouent au concours après, le plus souvent, deux années de travail intensif ! Et quand ils réussissent, ils réalisent qu’ils vont travailler quatre années à mi-temps à l’hôpital, sous-payés et surtout sous-encadrés. Difficile dans ces conditions d’apprendre les finesses de l’examen clinique, d’expérimenter la relation avec les patients, de mettre en pratique leurs connaissances, en parallèle avec la préparation intensive de l’examen suivant.
Le système de formation français est particulièrement élitiste, sélectif et exigeant, ne laissant pas de place pour l’esprit critique.
Depuis une vingtaine d’années, grâce à la mobilisation des généralistes enseignants, l’enseignement du troisième cycle s’est développé dans le cadre des départements de médecine générale. On y expérimente une pédagogie interactive, basée sur une analyse de la pratique et centrée sur les problématiques rencontrées en médecine générale.
Une évolution est indispensable pour que la formation initiale et la formation continue deviennent indépendantes de l’influence des lobbies, en particulier pharmaceutiques, et apportent aux médecins les outils critiques pour s’en prémunir.
Des expériences étrangères montrent que d’autres méthodes sont plus efficaces pour amener les futurs praticiens à appréhender leur métier plus tôt et de façon plus respectueuse de leur capacité de réflexion. En France, des étudiants s’organisent pour remettre en question la formation qu’ils reçoivent et se donner les moyens de créer des espaces où échanger et exercer leur esprit critique. Des réformes en profondeur sont nécessaires pour espérer que ces études se démocratisent et que la formation soit mieux adaptée aux étudiants motivés par le métier de soignant, en tenant compte avant tout de l’intérêt des patients.


Pratiques N°55, novembre 2011

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