Marion Thierry-Mieg
Médecin généraliste addictologue
La prison est le lieu où l’intrication de la justice et de la santé est la plus prégnante. Dans le domaine des soins en milieu carcéral, la loi du 18 janvier 1994, relative à la santé publique et à la protection sociale, a transféré la compétence depuis le ministère de la Justice — et donc de l’administration pénitentiaire – vers le ministère de la Santé. But d’un tel changement : faire entrer la santé des prisonniers dans le droit commun et, contrairement à leurs situations antérieures, leur permettre de maintenir leurs accès aux régimes de Sécurité sociale. Ici se voulait appliqué le principe qui prétend que la prison est privation de liberté et non suppression des droits les plus fondamentaux.
Si cette loi a permis de nettes avancées dans l’organisation des soins apportée aux prisonniers, elle ne clarifie pas, en pratique, cette question centrale qui est celle du secret professionnel. Les professionnels de l’administration pénitentiaire, surveillants ou conseillers du Service de pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP), sont très souvent au fait de la situation de santé des prisonniers, et les soignants, de la peine encourue par les personnes qu’ils accueillent. Ces informations ne sont pas toujours communiquées par le prisonnier lui-même. L’exiguïté des locaux et le principe du milieu fermé favorisent une certaine porosité entre soignants et personnels de l’administration pénitentiaire.