Isabelle Waternaux, après des études d’architecture à l’École Nationale supérieure des Beaux-arts de Paris, a développé à une œuvre d’artiste dont l’un des fondements principaux est consacré aux relations entre la photographie et la danse. En fait, accompagnant une nouvelle génération de danseurs français qui ont renouvelé l’approche de leur pratique, elle-même a complètement transformé la photographie en regard de la danse. Ne faisant plus une photographie de danse, mais une photographie de création sur la danse, son œuvre s’est développée au contact le plus étroit de Boris Charmatz, Claudia Triozzi, Emmanuelle Huynh, Jérôme Andrieu ou encore Julie Noche, et bien d’autres. Notamment, son travail photographique avec Mathilde Monnier, qui danse pour elle dans un studio vide, est un modèle de cette nouvelle complicité, et de cette nouvelle liberté que se donne la photographe vis-à-vis des danseurs. Et qu’elle nous donne.
Par ailleurs, Isabelle Waternaux réalisera un ensemble de portraits en Indonésie montrant comment son mouvement d’empathie vers les autres se déploie sur d’autres terrains de manière absolument magnifique.
Son œuvre a été montrée à travers le monde en Corée du Sud, en Australie, au Luxembourg, en Belgique, au Québec, en Suisse, mais aussi en France dans de nombreux centres d’art et musées, notamment le Centre Pompidou qui a acquis ses photographies.
Ainsi, avec Isabelle Waternaux, un point de départ en regard de la question de l’autonomie pouvait tourner autour du rapport au corps, le corps-matière qui tend vers la vie aérienne tout en étant attiré vers la terre et son attraction. Pour cela, revenir vers la photographie de danse, la danse moderne et contemporaine, paraissait donner à penser. En effet, on peut dire, se référant à la critique de ce domaine, que la danse classique a constitué le rêve d’un corps qui s’abstrait des lois de la pesanteur, un corps aérien touchant à peine le sol, un corps permanent et intemporel, comme un ange blanc dans le ciel, et dont l’archétype serait le Lac des Cygnes.
Au contraire, la danse moderne a cherché à retrouver, pour faire rupture moderniste, le contact du corps avec la terre, son attraction irrésistible vers le sol, toutes les manifestations de son poids et de sa contingence aux données de la vie triviale et ses brutalités, sa musculature et les signes chorégraphiques de la menace de disparition qui pèse sur lui.
Il semble que ce paradoxe entre classique et moderne peut s’inscrire comme la métaphore de la question de l’autonomie et ses contradictions. Et donner un autre éclairage à une réflexion sur l’autonomie. Les photographies d’Isabelle Waternaux se dressent alors comme une interrogation sur ce paradoxe, entre terre et ciel.
Principaux ouvrages :
- MW, Paris, texte de Dominique Fourcade, P.O.L., 2001.
- Correspondances, texte d’Eric de Chassey, Paris, Isthme éditions, 2005.