Comité de soutien à l’autonomie technique des personnes handicapées
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Un Nantais de 35 ans, Zig Blanquer, tétraplégique du fait d’une pathologie neuromusculaire, a retrouvé l’usage de son fauteuil électrique en panne depuis le 21 juin 2014. Ce fauteuil est le prolongement de son corps, l’outil indispensable à sa motricité lui permettant de changer de posture, relâcher des tensions musculaires et mener sa vie professionnelle comme personnelle.
Le prestataire de matériel médical nantais est intervenu tardivement et n’a obtenu aucun résultat en deux interventions. Il a fini par envoyer le fauteuil en région parisienne pour diagnostic et réparation chez le fournisseur de cette marque le 14 octobre. Le fauteuil a été retourné le 14 novembre en état de fonctionnement. Le coût de réparation de cette panne s’élève à plus de 2 400 €. Sa prise en charge par la CPAM est de l’ordre de 13 %. Il reste donc une somme importante à la charge de M. Blanquer. Une aide exceptionnelle pourrait être accordée par la Maison Départementale des Personnes Handicapées ; plafonnée à 1 800 €, elle ne peut être allouée que tous les trois ans.
Autant le fournisseur parisien que le prestataire nantais se sont déclarés, pendant ces cinq mois, dans l’incapacité de prêter un fauteuil équivalent estimant que le fauteuil est « ultra-spécialisé ». Leur compétence est pourtant de vendre et d’assurer la maintenance de matériel personnalisé au handicap de chaque client-e dans des délais raisonnables. Selon le Code de la santé publique (article D5232-10), il est prévu qu’en cas de panne, ils mettent à disposition « un matériel de remplacement le plus proche possible du matériel de la personne ». Nous dénonçons le non-respect de la législation. Nous avons trouvé très peu de soutien associatif ou institutionnel, en particulier en ce qui concerne la demande de prêt d’un fauteuil équivalent pour le temps d’immobilisation. La solution d’emblée envisagée par nos interlocuteurs et interlocutrices était l’achat d’un nouveau fauteuil, ce qui nous questionne sur la préférence donnée à la consommation. De toute évidence, cette option n’aurait pas permis la récupération rapide pour M. Blanquer de sa vie ordinaire, puisqu’elle nécessite des démarches d’un délai minimum de six mois pour obtenir le financement d’un fauteuil dont le coût est d’environ 20 000 €.
Cette panne a dépossédé M. Blanquer de la possibilité de mener sa vie, tous ses engagements sociaux et professionnels se sont arrêtés pendant cinq mois. Consultant aux handicaps et aux autonomies, et animateur informatique en maison de retraite, il reprend progressivement son travail. Cette situation abusive a été épuisante autant physiquement que psychiquement. Le retour du fauteuil n’a en pas estompé les conséquences.
Nous relevons les graves problèmes du système de maintenance des matériels indispensables à l’autonomie des personnes handicapées, dont ces personnes, sans recours pour faire valoir leurs droits, ont à porter les lourdes conséquences en termes physique, moral et financier. Nous nous sommes constitués en comité de soutien à M. Blanquer afin que sa situation inacceptable soit reconnue et que des solutions pérennes soient trouvées pour les personnes ayant à faire face à ces problèmes récurrents de maintenance de leur matériel.
Nos expériences nous ont fait constater des associations peu revendicatives, une application partielle des lois existantes et des prestataires de matériels ne semblant voir que l’aspect rentable du handicap au détriment de l’individu. À cela, nous demandons que l’autonomie de la personne handicapée soit reconnue pleinement légitime par : le respect de la loi, une relation commerciale considérant la personne handicapée comme un-e client-e responsable, l’accès à une connaissance et une défense juridique. Car pour nous, ce n’est pas le handicap physique, mais bien l’environnement sociétal actuel en matière de handicap qui entrave ou prive de libertés de mouvement. Le matériel technique n’est ni du luxe ni du confort, mais un appui essentiel à l’autonomie quotidienne.