La douleur de l’enfant est mieux prise en charge aujourd’hui. Dans l’hôpital où je travaille, voici notamment quelques outils qui sont utilisés.
La solution sucrée de Sucre doux ou Canadou®
Ce sirop est proposé aux enfants de la naissance à trois mois. On s’est aperçu qu’un peu de sirop de saccharose posé sur une tétine, un doigt, ou le sein pendant que l’enfant tête provoque une diminution de la perception de la douleur au bout d’une minute. Nous l’utilisons pour tous les soins (piqûres...) L’important, c’est d’associer sucre et succion qui ont un effet synergique. On peut utiliser cette méthode en ville, où avant les vaccins, on peut demander aux parents d’apporter un biberon d’eau sucrée, ou avoir un peu de sirop de canne avec une seringue et poser 0,5 à
1 ml dans la bouche du bébé. Cela ne dispense pas du nursing, du contact peau à peau, de la crème anesthésique Emla®.
La crème Emla®
Cette crème existe en tube qu’on applique et on recouvre de film alimentaire transparent, ou en patch. Elle provoque une anesthésie superficielle. De plus, le fait de l’appliquer a une action anxiolytique pour l’enfant et les parents. Il faut l’appliquer deux heures avant le soin, car son action dure entre 1 h 30 et 4 heures. Elle est utile avant un vaccin, une injection, une prise de sang. Ne pas hésiter à appeler le laboratoire d’analyses pour savoir où ils préfèrent piquer (pli du coude ? Main ?).
Le Meopa
C’est un masque relié avec une bouteille rempli d’un mélange équimoléculaire d’oxygène et de protoxyde d’azote, que l’enfant applique sur son visage et sous lequel il respire. On peut le proposer depuis l’âge de un mois à15 ans dans les services d’urgence et en pédiatrie. Il ne faut pas l’appliquer de force, et prendre le temps de le faire accepter. On propose à l’enfant un conte ou un rêve, il pense à quelque chose qui lui plaît et on l’encourage en lui en parlant ou en racontant des histoires.
L’enfant reste conscient, mais est plus détendu et a moins mal. On commence trois minutes avant l’acte douloureux. Nous l’utilisons bien sûr pour des actes impressionnants comme les ponctions lombaires, mais aussi pour des gestes plus anodins comme les sutures. L’association Sparadrap milite à juste titre pour que ce masque soit utilisé dans tous les services de pédiatrie.
Un climat à construire, des mentalités à faire évoluer
L’effet bénéfique de ces outils est optimal dès lors qu’il s’inscrit dans un dispositif de jeu et dans une approche relationnelle, où au lieu d’éloigner les parents, on prend appui sur eux en les laissant participer aux soins. Les études montrent que les équipes qui arrivent à travailler avec les parents sont celles qui sont les plus attentives à la gestion de la peur et de la douleur. « Quand on a moins peur, on a moins mal », dit l’association Sparadrap qui fait un travail remarquable. Elle édite des fiches et des guides à l’usage des enfants, des familles et des professionnels que l’on peut consulter et commander sur leur site.
La diffusion de ces documents est sans doute une manière de faire évoluer les mentalités tant du point de vue des familles que des professionnels.