Toucher pour soigner

Les suites de grosses interventions cardiaques laissent des cicatrices douloureuses sur le cœur et sur le corps. Les reconnaître, c’est déjà les soulager.

Travaillant comme infirmière de nuit, dans un service de réadaptation cardiaque (suites de pontages, de remplacement de valves...), j’ai entendu si souvent les patients se plaindre de contractures musculaires au niveau du dos que j’ai décidé de commencer des massages.

L’inspiration se greffant à l’action, j’ai opté pour un massage à ma façon, avec de la pommade « rescue » à base de plantes qui apaisent et calment ; suivi d’un enveloppement chaud.

J’ai effectué les massages en me tenant d’un côté du lit, le patient étant assis dans la largeur du lit, jambes pendantes ou pieds posés sur une chaise. Après m’être assurée du confort de chacun (de lui et de moi),bonne position, température de la chambre, je commençais le premier massage par une prise de contact, effleurement du dos, puis dépistage des contractures en remontant de chaque côté de la colonne vertébrale vers les omoplates et les cervicales.

A chaque contracture, j’effectuais un ponçage avec le pouce, très doucement la première fois, plus vigoureusement les fois suivantes. Ensuite, je faisais suivre un massage global.

Puis, j’effectuais des pressions au niveau de chaque vertèbre en remontant la colonne avec les deux pouces, même technique à la base de chaque omoplate.

Marie-Claire Lagarde, infirmière

Pour terminer, j’effectuais un effleurement avec une main de chaque côté de la colonne comme si je dessinais les nervures d’une feuille au niveau des côtes et avec d’amples mouvements vers le bas.
Non seulement je crois que ce massage calmait la douleur physique, mais aussi la douleur psychique car, parfois, au bout du troisième ou quatrième massage, les questions fusaient : « Que vais-je devenir ? » « Pourquoi ? » « Je l’ai échappé belle ! » à tel point que j’ai envisagé pour certaines personnes, de faire un massage du plexus solaire, accompagné de respirations plus amples et de soupirs pour éliminer le stress. J’ai également donné quelques notions de relaxation à certaines.

La demande s’est faite pour des douleurs mammaires (suite aux pontages). Là, j’ai fait des effleurements très légers, toujours avec la pommade sur le thorax, de chaque côté des cicatrices dans les cas de suites normales.

La confiance de la chef de service, des surveillantes et de mes collègues m’a aidée.
J’ai constaté que des « petits riens », comme une tisane digestive ou calmante donnée à n’importe heure de la nuit (suite à un problème) pouvaient améliorer le reste de la nuit.
Comme une écoute pouvait calmer, comme le respect d’une demande (porte de chambre laissée ouverte toute la nuit) était importante, comme un souhait d’anniversaire pouvait faire plaisir ! (« Vous y avez pensé ! »), comme une couverture proposée était la bienvenue... et je garde le meilleur pour la fin : le rire ! Rire à chaque occasion possible pour dédramatiser.

Parfois, j’ai vu les pleurs rejoindre le rire, comme le soleil et la pluie s’amusent pour donner un résultat inattendu !

L’arc-en-ciel : troisième état qui donne l’espoir.

par Marie-Claire Lagarde, Pratiques N°45, mai 2009

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