La médecine générale est devenue une spécialité… C’est un paradoxe ! Le pari de l’inscription dans une filière universitaire était de voir la discipline enfin mieux reconnue et des moyens supplémentaires, humains et matériels, accordés aux « départements de médecine générale ». Ceux-ci, de façon variable selon les facultés, délivrent un enseignement original et plus adapté au métier de généraliste. Pour autant, cela reste insuffisant et n’a pas résolu la désaffection pour la médecine générale, car les étudiants sont totalement accaparés par le programme d’apprentissage encyclopédique qui ignore la spécificité et l’intérêt de ce métier. Ils sont sélectionnés à la fin de la sixième année par un examen national qui détermine le choix de leur spécialité. Ceux qui s’orientent vers la médecine générale, par choix ou par dépit, continuent d’apprendre leur métier surtout à l’hôpital, où ils fournissent une main-d’œuvre bon marché. Leurs études s’allongent, mais ils n’ont pas assez de stages en médecine de premier recours. Les contraintes de la carrière universitaire, nouvellement créée, font craindre que les enseignants soient happés par des travaux de recherche et de publication, leur laissant peu de temps pour l’enseignement de la clinique qui fait la spécificité du métier. Les étudiants en médecine générale sont plutôt mieux formés qu’il y a vingt ans, mais aussi plus désemparés à l’idée de s’installer. Ils aspirent à un travail salarié, et surtout collectif, ce qui ne manquera pas d’entraîner des changements dans le paysage pour les prochaines années.
N°55 - novembre 2011
---- Deuxième partie : Médecine générale : une spécialité ?
Pratiques N°55, novembre 2011